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    Tomas Furey offre son premier projet musical solo « Twin Rising » à MUTEK Tomas Furey . Photo: Jacob Ethier

    Tomas Furey offre son premier projet musical solo « Twin Rising » à MUTEK

    23 août 2023, 06h28
         |      Article rédigé par Yves Tremblay     

    Le musicien Tomas Furey oeuvre au projet « Twin Rising » depuis plusieurs années, en parallèle de ses autres créations musicales pour la danse contemporaine, le théâtre ou le cinéma, ce qui l’occupait principalement les dernières années. Il présente pour une toute première fois à la SATosphère son premier album en direct à 22 h le jeudi 24 août, accompagné de membres du collectif montréalais de VJs Isotone, dans le cadre de la nocturne 2 du festival MUTEK. Il nous parle de cet ambitieux projet.

    « J’ai une carrière de compositeur où je travaille principalement pour les projets des autres, en arts vivants, raconte le musicien. Ç’a toujours été un projet que j’avais le goût de faire. C’était un peu mon jardin secret. J’avais ce projet de côté, je commençais à faire des chansons. J’en avais lancée une en 2014, "Beams and Shadows", et c’est sûr que ç’a avancé beaucoup depuis, ç’a évolué pas mal. Ça faisait longtemps que je me cherchais un moyen de lancer ce projet, et éventuellement, la pandémie a accéléré tout ça. Alors que plusieurs autres projets artistiques étaient mis sur pause, j’ai pris le temps de finaliser un album, que je vais présenter pour la première fois en live à Mutek. »

    Ayant étudié au Conservatoire de musique de Montréal en composition électroacoustique, et avant en piano classique à Paris, Tomas Furey dit avoir toujours été « fasciné par l’importance menée au son, et le côté immersif de la musique électroacoustique ». Il ajoute : « La présentation, les spectacles de musique acousmatique, ça m’a directement séduit et j’aime toujours encore ce monde, plus académique. J’ai toujours eu aussi un intérêt profond pour la musique plus accessible, la musique pop, au sens large, donc l’enjeu de ce que je voulais faire avec ce projet, premièrement, c’est une première présentation de mon album, de mon univers musical, où je me suis donné absolument carte blanche à vouloir faire exactement l’album que je voulais. Je désirais marier un peu ce qui m’excitait de la musique électroacoustique et des gestes musicaux assez fous, de ramener ça dans un contexte plus pop, avec des chansons, une structure plus pop, avec de la voix aussi ; il y a presque 50 % de l’album où je chante. Avec des rythmes, bien que parfois complexes, ça reste régulier, avec un groove régulier. »

    Le fils des icônes québécoises Carole Laure et Lewis Furey a écrit tous les textes de « Twin Rising » et confie : « J’ai tout fait sur ce projet, de A à Z, et de l’enregistrement aussi. J’ai enregistré un drummer (batteur), Robbie Kuster (Patrick Watson, Yannick Rieu...), un très grand drummer de Montréal, avec qui j’ai capté quelques segments de percussion. J’ai aussi finalisé le mix avec un ami, Pierre Girard et c’est tout. Sinon, solo job ! »

    Tomas Furey affirme être vraiment attaché au processus de composition de la musique électroacoustique, selon lequel il enregistre ses propres sons. Il dit utiliser un peu de synthèse, mais il s’agit surtout de sources audio dans l’élaboration des pièces de son tout premier opus. « J’aime beaucoup le mariage en même temps des deux, déclare-t-il. J’ai superposé beaucoup de sons et j’ai ramené un peu de synthèse, d’où l’idée d’avoir des drums. Je ne suis pas drummer, donc je crée mes propres sons de synthèse plus percussifs, en plus de ramener un vrai drum pour le côté humain. J’ai tenté d’avoir ça aussi dans ma musique, un peu ce mélange, mais tout est vraiment parti d’enregistrements sonores. J’ai pris des sons concrets, je me suis baladé dans la ville à enregistrer des sons, à enregistrer aussi de "vrais" instruments, puis après les trafiquer, créer d’autres instruments avec ça. Un train qui passe, des frottements de métal, etc. Je suis également attaché à des sons métalliques, j’aime beaucoup la distorsion, les nuances aussi, par moment, aller dans des sons un peu plus harsh, industriels, mais tout en étant nuancé ; j’utilise beaucoup de grandes nuances dynamiques. »

    « Ce projet, pour moi, c’est une expérience audiovisuelle depuis le départ, précise l’artiste. C’est pas juste un album. Je veux le présenter comme une expérience audiovisuelle immersive. Avec là-dedans des moments dansants, mais aussi par moment, des segments plus de voyage, épiques, oniriques, mais c’est de la vivre dans son ensemble. C’est pas juste un album dansant, c’est pas juste un album planant, ça voyage beaucoup en fait, et c’est rêvé d’avoir ça au dôme ! Et j’ai Isotone aussi, un collectif de VJs, d’artistes visuels, qui participent à mon show. Je propose en outre ce spectacle en surround, multi-channel surround sound, donc je vais spatialiser en direct l’album, et je vais chanter aussi. J’adore le coté humain de la spatialisation, sentir le geste – chaque salle est différente. J’ai envie de sentir le mouvement live dans ce qui se passe. »

    Malheureusement, le Montréalais n’a pas profité de résidence à la SATosphère, mais il dit qu’il aurait adoré. « C’est ça qui est quand même un peu fou : j’ai jamais fait de spectacle de Twin Rising, puis là je me lance, c’est mon premier spectacle, et je passe de mon studio... Ici à la maison, je me suis créé, dans mon studio, un petit set-up surround de 6 hauts-parleurs, et je me pratique là-dessus, et je vais rentrer le jour-même dans le dôme, j’vais avoir un sound-check puis let’s go ! On y va ! Après, j’ai beaucoup d’expériences de spatialisation, avec d’autres spectacles déjà, j’en ai fait énormément. Je suis quand même à l’aise avec la spatialisation, et Isotone aussi avec le dôme. Même si avec Twin Rising je suis un artiste émergent, j’ai quand même de l’expérience dans le live. »

    Tomas Furey compte spatialiser le son en direct un peu comme il le fait en musique électroacoustique. Il utilise Abbleton et avec un contrôleur, il a accès à chacune des enceintes. Il poursuit : « Chaque fader, chaque potentiomètre, est assigné à un haut-parleur via un contrôleur midi. Et avec Mutek, on m’offre un maximum de 6 hauts-parleurs et deux subs (enceintes destinées aux basses). J’ai un système 6.2, donc je vais spatialiser avec ça. Je vais ainsi faire voyager dans des sous-groupes en fait, dans l’espace. »

    Pour le volet sonore de sa proposition, l’électroacousticien aimait ce côté spatialisation, ajouté au chant, quelque chose de très peu fréquent. « J’ai vu beaucoup de shows électroacoustiques spatialisés, mais jamais avec du chant en direct, et ça, ça m’excitait, lance-t-il. Et du côté visuel, j’aimais le côté immersif et organique de la lumière. Mais finalement, j’ai eu cette opportunité avec MUTEK, avec le dôme, de travailler avec Isotone sur des visuels, donc plus sur la vidéo, et j’adore ça, où est-ce qu’on s’en va... » Il considère en outre ce projet-là comme une première version d’un spectacle qui va évoluer. Le créateur souhaiterait bien sûr travailler avec la lumière dans une version ultérieure, comme il le prévoyait au départ.

    Notons qu’après de récentes rénovations, le dôme de la SAT bénéficie depuis peu de nouveaux projecteurs très performants, d’une qualité supérieure à ceux d’avant.

    Tomas Furey aimerait que le spectacle tourne, qu’il continue de le présenter dans divers endroits. Par ailleurs, il pense sortir l’album dès cet automne, mais aucune date n’est confirmée pour l’instant. En fait, il est présentement en discussion avec un distributeur français, mais ne se rattache pas encore à aucune étiquette de disque. « Je suis indépendant, je tâte le terrain un peu là, indique-t-il. Je souhaite peut-être que ça intéresse MUTEK Tokyo ou Mexico, évidemment, c’est dans les plans en fait, et j’aimerais continuer à jouer le plus possible. »

    Parmi d’autres projets, il compose en ce moment la musique d’un spectacle danse-théâtre avec Brigitte Haentjens et Catherine Gaudet, le solo de Francis Ducharme « Mains moites », présenté début septembre à l’édifice Wilder à l’Agora de la danse. « Également, j’ai beaucoup travaillé avec ma soeur Clara Furey, qui est une grande chorégraphe de danse contemporaine, et là on prépare un nouveau projet encore. Nous sommes en début de création et nous visons 2024 », annonce-t-il enfin.

    Tomas Furey. Photo : Vincent Morreale

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