Les artistes Alexis Langevin-Tétrault et Guillaume Côté explorent le son et l’image
Le duo composé d’Alexis Langevin-Tétrault et Guillaume Côté collabore pour la deuxième – mais pas la dernière – fois dans l’expérience audiovisuelle « Aubes », bientôt présentée en première nord-américaine à MUTEK. Le Lien MULTIMÉDIA / Qui fait Quoi a discuté avec les deux artistes pour mieux comprendre leur processus de création à quatre mains. Pour ce projet, les deux musiciens de formation ont travaillé avec l’image.
Après des études en sociologie de la culture, Alexis Langevin-Tétrault a réalisé un bac et une maîtrise en musique numérique à l’Université de Montréal. Parallèlement à ses études, il continue sa pratique musicale, s’intéressant à la guitare rock. Au fil des ans, il s’intéresse de plus en plus à la technologie. « J’ai développé une pratique où je crée des dispositifs visuels avec le son et l’image, précise-t-il. Cela m’a amené à travailler en collaboration avec plusieurs personnes, dont Guillaume à partir de 2015. »
Formé en musique électronique, regroupée aujourd’hui dans les arts numériques, Guillaume Côté explore, à travers un mélange de matériaux concrets, synthétiques et vocaux, les dynamiques territoriales, linguistiques et sociales propres au Québec. Il termine sa maîtrise en 2015 et commence à réaliser des documentaires sonores pour le collectif Trames, avec qui il oeuvre pendant sept ans. Il a également collaboré avec Alexis Langevin-Tétrault sur le projet « Falaises » en 2017.
« Nous venons du son, donc nous commençons par le son dans notre processus créatif, raconte Guillaume Côté. Le son demeure primordial, même si il est présenté de façon égale avec l’image. Il vient structurer tout ce qui est visuel. Il est d’ailleurs rare qu’on change la durée de l’oeuvre par la suite. Le son vient décider beaucoup de choses. » Les deux artistes ont d’abord improvisé, se donnant de la liberté pour laisser le projet prendre vie. « Une fois que le son a été développé, nous avons commencé à penser à l’image, ajoute Alexis Langevin-Tétrault. En fait, c’est surtout Guillaume qui s’est occupé de l’image. Pour le visuel, nous avons utilisé des oscilloscopes, des appareils qui effectuent l’analyse du son à travers des outils numériques, ce qui a inspiré le pendant visuel. » Cela a donné une matière de base à Guillaume Côté, qui a planché fort pour donner un résultat très coloré et dynamique.
« Même si on ne le sent pas dans le résultat final et qu’on ne l’indique pas, le projet s’est fait en deux temps, précise Guillaume Côté. Au départ, nous ne sommes pas partis avec l’idée de l’aube. Ce sont les oscilloscopes qui ont donné la forme avant la matière. Nous nous sommes demandé ce que nous voulions dire. » Le duo ne voulait pas proposer une expérience extrêmement technique et conceptuelle, préférant se trouver davantage dans le ressenti que dans le technologique. Si les oscilloscopes se sont avérés importants dans la genèse d’« Aubes », concrètement, il en reste très peu dans le résultat final, qui sera présenté à Mutek entre 19 h 55 et 20 h 20, le 25 août dans le cadre d’A/Visions 1, au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts. « Quelque chose de poétique a émergé de la technologie », poursuit l’artiste.
Le deux créateurs se sont demandé ce qu’ils allaient proposer sur scène et ont décidé d’ajouter des jeux de lumière, un éclairage qui vient compléter la projection, ajoute Alexis Langevin-Tétrault. « Nos ombres vont se retrouver dans l’espace, précise-t-il. Même si la projection est en 2D, nous venons jouer avec la perception et l’expérience se transforme en 3D davantage immersive. » Alexis Langevin-Tétrault et Guillaume Côté ne voulaient pas simplement se retrouver sur scène devant leur console. Ils ont donc choisi une forme de scénographie. « Nous voulons que le projet reste audiovisuel, notre présence est exacerbée par la lumière », ajoute Guillaume Côté.
S’ils se fient au projet « Falaises », « Aubes » devrait avoir une belle vie après MUTEK. Leur premier projet avait voyagé en Espagne, au Portugal, en France ainsi qu’au Japon, grâce au réseau MUTEK. Par ailleurs, la première d’« Aubes » a eu lieu en Suède en avril dernier, dans le cadre du festival INTONAL.
En parallèle d’« Aubes », Alexis Langevin-Tétrault a travaillé sur « Point de fuite », un projet audiovisuel qui se décline sous forme de performance ainsi que d’installation interactive, qui a déjà été présentée et que l’artiste continue à peaufiner. « Il s’agit d’une démarche plus personnelle, avec des objets, mais aussi de la vidéo, ce que je fais pour la première fois en solo grâce à ce que j’ai appris aux côtés de Guillaume. » Ensemble, ils concoctent en outre un autre prochain projet, encore embryonnaire, dans lequel ils veulent explorer le documentaire.
« Nous travaillons aussi à une déclinaison uniquement audio d’"Aubes" », parce que le spectacle s’écoute bien, même sans la vidéo. Nous avions tellement de matériel que nous avons décidé de faire un disque, un objet inédit et complètement séparé de l’expérience que les gens pourront voir à MUTEK », conclut Guillaume Côté.