Roy Minlend parle de l’industrie du design graphique au Cameroun
L’imagerie graphique, l’illustration 2D et l’animation 3D sont trois disciplines qui s’insèrent de plus en plus dans la culture camerounaise. Avec très peu d’écoles de formation, les Camerounais doivent principalement apprendre ces disciplines numériques à partir de tutoriels vidéo. Cet état de fait engendre une abondante main-d’oeuvre qui n’est pas réellement formée pour ces métiers. Pour les diplômés comme Roy Minlend, cela complique la tâche de trouver de bonnes opportunités puisque les entreprises vont souvent préférer les personnes avec peu de formation pour économiser de l’argent. En entrevue avec Le Lien MULTIMÉDIA, Roy Minlend, fondateur de Dr Napier Designs et Dr Napier Dessine, insiste sur l’écart de formation qui existe entre le Canada et le Cameroun dans le domaine.
Diplômé de l’école The Art Institutes à New York, Roy Minlend a débuté sa carrière professionnelle avec une spécialisation en design graphique. Avec les années, il est devenu pluridisciplinaire puisqu’il maîtrise maintenant le design graphique, la photographie, l’illustration 2D et l’animation 3D. Ses multiples expertises lui permettent d’être flexible et de s’engager avec des clients dans de nombreux projets. C’est seulement depuis quelques mois qu’il s’est lancé dans l’animation 3D. Il estime que cette discipline lui permettra de se démarquer des autres dans l’avenir.
« L’apprentissage est beaucoup plus difficile au départ pour l’animation 3D, mais lorsque le principe est compris, l’animation 3D offre une énorme flexibilité comparativement à l’illustration 2D. De plus en plus, les disciplines comme la photographie et l’illustration 2D sont à la portée des gens en raison de la démocratisation des outils. Des applications comme Canva permettent aux gens de faire des choses acceptables. Les entreprises sont de moins en moins disposées à payer pour des services qu’ils peuvent maintenant faire par eux-mêmes. Cette évolution dans le métier m’a forcé à regarder vers le futur en intégrant l’animation 3D à mes expertises », mentionne Roy Minlend.
Une des réalisations de Roy Minlend
Comme dans plusieurs domaines, l’industrie du design graphique est confrontée à un écart immense entre les pays du Sud et les pays du Nord. L’Europe et l’Amérique du Nord ont une multitude de ressources dans ce domaine ainsi que de la formation de qualité offerte dans différents établissements. Le Cameroun est quant à lui confronté à une barrière qui limite le pays sur le plan du matériel et de la formation. Le diplomé de l’école The Art Institutes commente l’écart entre les deux pays sur l’industrie. « La grosse différence entre le Cameroun et le Canada est l’accessibilité à de la formation et à du matériel. C’est vraiment difficile de comparer les deux pays parce qu’il y a un écart gigantesque à ce niveau. En Amérique du Nord, les gens peuvent payer pour avoir des formations permettant de développer leurs connaissances. Au Cameroun, il y a peu d’écoles qui offrent de la formation, et l’accès à du bon matériel est très restreint. Pour donner une idée, les outils utilisés à Paris en 2001 étaient plus avancés que tout le matériel accessible présentement au Cameroun. Les Camerounais vont principalement se former à partir de vidéos sur Youtube. De ce fait, les employeurs ont accès à une importante main-d’oeuvre, mais qui n’est pas très qualifiée. C’est une autre différence avec le Canada puisque les entreprises camerounaises vont se contenter d’avoir un niveau plutôt bas pour pouvoir éviter de payer des prix plus élevés », ajoute le designer graphique.
Intégrer le Cameroun à travers ses projets
Roy Minlend partage ses divers projets sur le réseau LinkedIn pour ses nombreux abonnés. À travers ses projets, la culture camerounaise est mise de l’avant, ce qui lui permet d’avoir beaucoup de visibilité au Cameroun. Plusieurs personnalités connues du pays, comme Francis Ngannou et Diana Bouli, sont même le centre de certains projets réalisés par Roy Minlend.
« Dans mes différents projets, la culture camerounaise est ma ligne éditoriale de base. La vidéo avec Francis Ngannou m’a montré qu’une approche communautaire permet d’avoir des réactions très organiques. Au départ, cette démarche n’a pas fonctionné comme je l’espérais, mais les nombreuses réactions sur la publication de Francis Ngannou me démontrent qu’il y a du potentiel. Actuellement, au Cameroun, il y a un gros essor identitaire qui est en train de se produire. Dans cette dynamique, je pensais que c’était une bonne idée de m’inscrire derrière cette ligne éditoriale. Mon objectif est de m’élargir vers un public plus large pour atteindre davantage de clients », explique le photographe professionnel.