Guillaume Déziel combat la désinformation sur la guerre en Ukraine sur le réseau social VK
VK est le réseau social le plus populaire de Russie. Il est, en quelque sorte, une copie conforme de Facebook, proposant une interface très semblable et des fonctionnalités presque identiques. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, beaucoup de désinformation est partagée via VK et influence grandement la perception de la population sur le conflit. Lors du Forum Avantage numérique 2022, Guillaume Déziel a raconté son expérience sur le réseau social dans la conférence « La chambre d’écho de la désinformation ». En voici un compte rendu.
Guillaume Déziel est engagé dans l’industrie culturelle et dans le monde de la technologie depuis de nombreuses années. Il prend part à des réflexions politiques sur les enjeux du numérique et de la culture québécoise. Il a évolué au sein de plusieurs médias importants comme Radio-Canada, TVA et Bell Mobilité. Il occupait le poste de Directeur du développement des affaires, acquisition et distribution des contenus francophones. Il enseigne l’actualisation Web et l’édition musicale à l’école Musitechnic de Montréal.
En 1996, Guillaume Déziel a participé à l’expérience Jeunesse Canada Monde. Dans le cadre de ce programme, il a passé quelques mois en Russie. Plusieurs années passent et, en 2014, il se crée un compte sur le réseau social VK et rentre en contact avec des gens qu’il avait rencontrés lors de son passage en Russie. Lorsque la guerre en Ukraine éclate, il constate que les informations relatées sur le réseau social russe et la réalité sur le terrain sont bien différentes. Pour combattre cette désinformation extrêmement répandue, Guillaume Déziel partageait des liens de reportages nord-américains sur la situation en Ukraine sur son profil VK.
Les articles russes sur VK sont souvent basés sur de réels événements, mais les journalistes retournent les événements pour prouver que les Ukrainiens sont à blâmer dans ce conflit. Guillaume Déziel s’est donc mis à confronter directement les journalistes russes qui partageaient de la fausse information sur VK. Il y a quelques mois, il explique la situation dans une publication Facebook. L’histoire reçoit un certain intérêt médiatique. Inquiet pour la sécurité de ses amis russes, maintenant que son combat contre la désinformation russe est public, il coupe les ponts avec ceux-ci.
À la suite d’une entrevue à l’émission Denis Lévesque, plus d’une centaine de personnes le contactent via Facebook et veulent l’aider dans sa démarche pour combattre la désinformation sur VK. En voulant partager un reportage de Radio-Canada sur la guerre en Ukraine sur VK, Guillaume Déziel réalise que les droits d’auteurs ne le permettent pas. Il a discuté avec des employés de la société d’État afin qu’ils en fassent davantage pour lutter contre la propagande, comme elle l’a fait lors de la Seconde Guerre mondiale.
Inquiet pour sa propre sécurité, il intègre un groupe Facebook de professionnels du Web et des réseaux sociaux pour savoir s’il pourrait être victime d’attaques de la part de la Russie pour tenter de freiner la propagande. Un internaute lui explique que les Russes pourraient lui envoyer une bombe CPU, un script envoyé à un ordinateur qui va faire surchauffer la puce au point de prendre en feu. Il lui propose une machine virtuelle qui pourrait bloquer et le protéger contre ce genre d’attaque. Guillaume Déziel propose à la centaine de gens qui l’aident à contrer la désinformation sur VK de se procurer un nouvel appareil qu’ils utiliseraient uniquement pour accéder à VK. Donc, s’ils sont victimes d’une attaque, seul cet appareil sera affecté.
Pendant ce temps, Guillaume Déziel apprend l’existence de Squad303. Il s’agit d’une équipe de hackers éthiques anonymes. Ils ont volé 20 millions de numéros de téléphone et 140 millions d’adresses courriel russes dans des bases de données. Via une plateforme Web, n’importe qui peut envoyer un texto ou un courriel à une personne aléatoire en Russie pour leur faire part des réels états de la situation en Ukraine.
Certaines personnes qui l’aident à combattre la désinformation lui parle d’un groupe Facebook de Québécois qui essaient d’accueillir des Ukrainiens. Via ce groupe, il entre en contact avec Galina, une femme ukrainienne, dont la famille cherche à fuir le pays. Guillaume Déziel conclut sa conférence en annonçant que la famille ukrainienne arrive enfin au Québec le soir même de sa présentation.