Un sondage national révèle que la plupart des jeunes adultes ont confiance en la science
S’agissant de réagir et de se forger des opinions sur des questions allant des vaccins contre la COVID-19 à la durabilité de l’environnement, la plupart des jeunes adultes du Canada se fondent sur une information scientifique pour orienter leurs décisions.
Cependant, certains groupes particuliers remettent en question ou sont indifférents à la science, ce qui a une incidence sur leur perception à l’égard de ces enjeux scientifiques. Ce ne sont là que quelques-unes des conclusions d’une enquête nationale publiées le 9 décembre.
La Fondation canadienne pour l’innovation, en partenariat avec l’Acfas, a fait appel à la firme de sondage Ipsos pour mettre en lumière les perceptions des jeunes Canadiennes et Canadiens de 18 à 24 ans à l’égard de la science, les conditions qui influencent leurs opinions ainsi que les influenceurs et influenceuses vers lesquels ils se tournent pour façonner leurs raisonnements scientifiques.
La société Ipsos a interrogé 1 500 personnes de partout au pays sur des questions portant sur les sources d’information qu’elles consultent et sur celles qui ont la plus grande influence sur leurs perceptions relatives à quatre enjeux scientifiques : l’innocuité du vaccin contre la COVID-19, la durabilité de l’environnement, les changements climatiques et l’importance des STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) pour l’avenir.
Le sondage révèle que la science est importante pour les jeunes adultes du Canada. Soixante-dix pour cent des personnes sondées s’entendent pour dire que l’on peut se fier à la science parce qu’elle est fondée sur des faits et non sur des opinions, et 77 % considèrent que le domaine des sciences représente un bon choix de carrière pour les personnes de leur âge.
Il ressort également de ce sondage que cette tranche d’âge a des opinions en conformité avec les données scientifiques probantes :
- 68 % sont d’accord pour dire que les vaccins contre la COVID-19 approuvés au Canada peuvent être utilisés en toute sécurité ;
- 63 % sont d’accord pour dire que l’utilisation de plastiques à usage unique devrait être interdite ;
- 55 % estiment qu’une utilisation moindre des combustibles fossiles contribuera à réduire les répercussions liées aux changements climatiques ;
- 57 % jugent essentiel que les politiciens et politiciennes de même que les gouvernements du Canada s’appuient sur la science pour prendre des décisions politiques dans l’intérêt de la population sur des enjeux tels que la santé, le bien-être et l’économie.
Dans le cadre de la recherche, les jeunes Canadiennes et Canadiens ont été divisés en cinq segments représentant les états d’esprit généraux qui recouvrent l’ensemble des attitudes observées à l’égard de la science, allant du plus favorable au plus hésitant :
- Favorisent la science (17 % de la jeunesse) : croient en la science, l’appuient et accordent la priorité aux données scientifiques probantes ;
- Font confiance à la science (22 %) : croient en la science malgré l’obligation ressentie de devoir exprimer la même opinion que leurs proches ;
- Suivent la science (20 %) : estiment qu’on doit pouvoir se fier à la science en raison de ce qui est diffusé dans les médias d’information ;
- Mettent en doute la science (16 %) : remettent en question les affirmations scientifiques et se fondent sur leur propre jugement pour en déterminer la fiabilité ;
- Peuvent ignorer la science (25 %) : ont tendance à suivre leurs proches et les influenceurs et influenceuses sur les médias sociaux pour se forger une opinion, même si celle-ci va à l’encontre de la science.
Alors que 59 % des 18 à 24 ans sont regroupés dans un segment relatif à un état d’esprit favorable à la science, le sondage fait toutefois apparaître certains points préoccupants :
- Parmi les personnes interrogées du segment suivant la science, 84 % s’estiment faibles en mathématiques. Si leur opinion rejoint généralement celle des scientifiques, plusieurs s’entendent pour dire que la science représente un domaine trop exigeant sur le plan intellectuel et affirment ne pas avoir les outils nécessaires pour distinguer les données scientifiques valables des données pseudoscientifiques ;
- Parmi les personnes qui mettent en doute la science, la plupart suivent leur intuition pour prendre des décisions personnelles quant à la santé et sont d’avis que ce n’est pas parce qu’une chose est scientifiquement prouvée qu’elle est nécessairement vraie ;
- Les personnes faisant partie du segment pouvant ignorer la science sont les plus disposées à suivre un influenceur ou une influenceuse sur les médias sociaux exprimant des idées contraires à la science et sont moins en mesure que les autres groupes de distinguer les vraies nouvelles des fausses ;
Les personnes influentes sur les médias sociaux ayant des idées contraires à la science sont nombreuses et très présentes ; 73 % des personnes interrogées ont rapporté suivre au moins une de ces personnes exprimant de telles opinions.
Dans l’ensemble, l’enquête a clairement montré que les jeunes adultes évoluent dans un écosystème d’information extrêmement complexe et varié où ils sont inévitablement exposés à de fausses nouvelles et à des informations antiscientifiques. Cela représente un défi de plus en plus grand pour les communicateurs et les éducateurs scientifiques : comment atteindre efficacement celles et ceux qui n’ont pas les outils, ni l’intérêt nécessaire pour comprendre pleinement les questions liées à la science et combattre la désinformation ? Les décideurs et décideuses politiques, les ministères de l’éducation et les organisations de développement économique ont également un rôle à jouer pour relever ce défi afin, de bâtir une société plus forte et plus instruite en matière de sciences.
Le sondage a été réalisé en ligne du 12 au 26 octobre 2021. Dans l’ensemble, le résultat du sondage est précis à ± 2,9 points de pourcentage, 19 fois sur 20.
« Ce sondage important et significatif suscite à la fois l’espoir et la prudence alors que nous nous tournons vers l’avenir et la prochaine génération, explique Roseann O’Reilly Runte, présidente-directrice générale, Fondation canadienne pour l’innovation. Le formidable soutien accordé à la science par un grand nombre de jeunes et les préoccupations exprimées en matière d’environnement, par exemple, sont encourageants. Cependant, il convient de répondre immédiatement aux besoins des jeunes qui souhaitent avoir accès à des outils de base pour reconnaître et comprendre les faits véridiques et acquérir les compétences mathématiques nécessaires à cette fin. Ce sondage constitue un plaidoyer pour l’action et une indication de la voie à suivre. »
« Ce sondage majeur nous indique que les médias sociaux, les fausses nouvelles et les sources non fiables peuvent fortement influencer le développement des attitudes et des systèmes de croyances chez les jeunes et, de ce fait, avoir un impact direct sur leur santé, leur carrière et leurs choix de société, ajoute Jean-Pierre Perreault, président de l’Acfas. Ces nouvelles données nous révèlent l’urgence d’adapter nos façons d’enseigner et de communiquer les sciences aux 18 à 24 ans afin d’enrichir le développement de leur culture scientifique. »