Léa Rogliano revendique l’engagement de Singularités/Tech pour conscientiser les enjeux contemporains du numérique
Conscientiser les enjeux contemporains du numérique en faisant des créations artistiques avec les nouvelles technologies... C’est l’objectif du collectif d’artistes transdisciplinaire Singularités/Tech, porté par la créatrice belge Léa Rogliano et le créateur français Christophe Boucher. Fondée tout récemment, la structure compte pour l’instant à son actif une seule oeuvre majeure : l’expérience en réalité virtuelle « 14.12.2017 – Fin de la neutralité du Net aux États-Unis ». Pour ses prochains projets, elle espère développer des collaborations à l’international, pourquoi pas au Québec. Entretien avec Léa Rogliano, cofondatrice de Singularités/Tech, pour qu’elle nous parle des actions et créations qu’elle mène au sein de son collectif.
Créé au début de l’année 2018 à Bruxelles, Singularités/Tech est un collectif d’artistes transdisciplinaires. « Nous avons créé ce groupe à la suite de la disparition de la neutralité de l’Internet aux États-Unis », explique Léa Rogliano. Se fondant sur ses expériences en art numérique, la cofondatrice décide de s’allier avec Christophe Boucher pour créer des oeuvres abordant sans tabou la question des libertés numériques. « Ce qui nous intéresse, ce sont les enjeux du monde contemporain, tel qu’il est lié aujourd’hui au numérique. Nous nous intéressons par exemple aux enjeux éthiques de l’intelligence artificielle. Nous utilisons donc des moyens technologiques pour parler de la technologie », précise Léa Rogliano.
L’objectif de Singularités/Tech est de permettre au public de questionner son rapport à la technologie dans le monde contemporain. Comment cela marche-t-il ? Prenons l’exemple de « 14.12.2017 – Fin de la neutralité du Net aux États-Unis », qui est une expérience de réalité virtuelle plongeant l’utilisateur dans le point de vue d’un militant des libertés numériques à Bruxelles. « Le 14 décembre 2017 est le jour où les États-Unis ont abrogé la neutralité du Net. Le militant est donc abattu et raconte ses souvenirs d’Internet avant cette date », explique Léa Rogliano. Une façon d’informer l’utilisateur sur la culture de l’Internet, de ses débuts à aujourd’hui.
Si les créations de Singularités/Tech permettent de conscientiser les enjeux contemporains du numérique, celles-ci sont conçues comme des oeuvres artistiques, plutôt que comme des expériences pédagogiques. Le collectif repose ainsi principalement sur des bourses de création et l’autofinancement de ses deux cofondateurs, celui de Léa Rogliano et de Christophe Boucher. « Lorsque nous décidons de créer des oeuvres avec le collectif, nous assumons leurs côtés militants clairs. Nous acceptons bien évidemment de l’argent de mécènes, mais c’est généralement nos propres fonds que nous mobilisons », explique Léa Rogliano en marge de Stereopsia, forum sur les technologies immersives qui s’est tenu à Bruxelles en décembre 2019.
S’adressant à un public large, les oeuvres du collectif permettent à ses artistes de voyager à l’international, notamment en Europe, à la rencontre de ses spectateurs, mais aussi des acteurs du numérique. « Notre objectif est de sensibiliser un large public, mais nous sommes aussi invités à aller dans des congrès européens sur le numérique, ou bien à rendre visite à des startups opérant dans le domaine de l’intelligence artificielle », raconte Léa Rogliano. Loin d’être contre le développement du numérique, Singularités/Tech accompagne en réalité ce développement pour le rendre davantage éthique. « Nous abordons tous les enjeux du numérique, qui sont véritablement très discutés en Europe », ajoute-t-elle.
Actuellement, Singularités/Tech est en discussion pour un partenariat avec un centre culturel français basé à Lyon : les Subsistances. « Nous aimerions faire une déclinaison de notre oeuvre sur la neutralité du Net dans différents autres pays et villes », révèle Léa Rogliano. Dernièrement, le collectif a exposé en Slovaquie. « C’était très intéressant parce que les gens y ont une autre culture d’Internet. Nous avons ainsi fait des partenariats avec des écoles pour y présenter notre oeuvre », ajoute-t-elle. Singularités/Tech se positionne donc comme médiateur entre le public et les nouvelles technologies numériques, afin de discuter de leurs enjeux éthiques, sociaux, politiques, économiques, culturels, etc.
Dans les prochains mois, Singularités/Tech aimerait aussi s’exporter Outre-Atlantique, pour développer des collaborations pour des créations sur l’intelligence artificielle. Montréal est ainsi une des cibles du collectif en raison de son dynamisme dans le secteur des nouvelles technologies. « Pour notre prochain projet, nous avons envie de travailler la musique en relation avec les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle. Il y aurait donc une partie de l’oeuvre créée par l’intelligence artificielle. Dans cette optique, Montréal serait donc notre cible », confie Léa Rogliano. Singularités/Tech voit donc la possibilité de travailler en collaboration avec des centres éthiques, des universités ou des startups, qui développent de l’intelligence artificielle au Québec, d’un très bon oeil. Qu’on se le dise.
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