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    FIFA – Un festival marquant pour Jennifer Alleyn et Jérémie Battaglia Jérémie Battaglia et Jennifer Alleyn. Photo: Guillaume Boucher / Frédéric Bouchard

    FIFA – Un festival marquant pour Jennifer Alleyn et Jérémie Battaglia

    17 mars 2023, 07h20
         |      Article rédigé par Sophie Bernard     

    Voir un de ses films en compétition au Festival international du film sur l’art peut changer beaucoup de choses dans la carrière d’une réalisatrice ou d’un réalisateur. Il suffit de le demander à Jennifer Alleyn et à Jérémie Battaglia, qui ne sont ni l’un ni l’autre à leur première expérience au FIFA. D’ailleurs, les deux cinéastes ont commencé leur relation avec l’événement en le fréquentant avant d’y participer. Qui fait Quoi a échangé avec eux sur leurs expériences.

    Il y a très longtemps, en 2006 croit-elle, le FIFA avait présenté un tout petit film de Jennifer Alleyn, « Imaginer le rien » dans la section expérimentale. « J’ai fait beaucoup de films sur l’art, donc j’ai eu la chance qu’ils soient tous diffusés au FIFA, dit-elle. Ce festival est, évidemment, incontournable par la taille, la place qu’il occupe dans le monde. Il est devenu la plaque tournante du film sur l’art, qui demeure un produit qu’on ne voit pas ailleurs. » Et puis, il faut également compter sur la plateforme ARTS.FILMS, que la réalisatrice compare à un Netflix pour les films sur l’art. »

    Dans son parcours et par son existence, le FIFA est venu valider les projets qu’elle n’avait pas encore faits, ajoute Jennifer Alleyn, en leur donnant un public alors qu’ils sont rarement diffusés à la télévision. D’autant plus que le festival fait circuler les films québécois de sa compétition dans le monde grâce à des partenariats. Certains films de la réalisatrice ont ainsi pu être présentés à l’étranger – Londres, Paris, Washington… – pour y rencontrer un public déjà passionné par le cinéma et l’art. « Ce public demeure assez niché, mais le festival est devenu important et les gens y reviennent année après année. » En 2008, le documentaire « L’atelier de mon père » a obtenu le prix de la Meilleure oeuvre canadienne. Ce film a été majeur dans la cinématographie de la jeune femme : c’était son premier long métrage solo et le film a vraiment rencontré son public. Jennifer Alleyn se demande s’il n’a pas été diffusé sur les ondes de Radio-Canada et d’ARTV justement à cause de ce prix. Trois ans plus tard, « Dix fois Dix », un film sur l’artiste allemand Otto Dix, recevait le Prix tremplin pour le monde ARTV au FIFA, ce qui a permis au film de voyager par la suite.

    Jérémie Battaglia a également connu le festival d’abord en tant que spectateur. Comme réalisateur, le documentaire demeure son coeur de métier. Il s’est fait connaître lors du Printemps érable, alors qu’il y a réalisé une série de photos et le court métrage « Casseroles ». Après avoir développé des documentaires interactifs et des vidéos de danse, de théâtre et d’autres arts, il a réalisé son premier long métrage documentaire, « Parfaites ». En 2022, lors de sa 40e édition, le FIFA projette « La somme de nos rêves », un documentaire qu’il a élaboré avec Johanne Madore, une chorégraphe et metteure en piste, sur l’art du cirque.

    « C’était un projet atypique, le genre de projet qui a de la difficulté à trouver une case commerciale, raconte le réalisateur. Grâce au FIFA, il a pu être présenté dans une belle salle et a été intégré à la plateforme en ligne du festival. Ainsi, le public a accès à des oeuvres du monde entier, mais aussi à des oeuvres québécoises. » Cette année, Jérémie Battaglia récidive, avec « La Goddam Voie Lactée | Film de danse », une collaboration avec la chorégraphe Mélanie Demers. Les deux artistes ont adapté la pièce du même nom qui avait été présentée au FTA.

    « Mélanie m’a approché pour que nous travaillions ensemble, raconte-t-il. Nous avons collaboré pour écrire le film en nous basant sur la pièce originale. C’est une pièce très forte, avec cinq interprètes, quatre danseuses, Stacey Désilier, Brianna Lombardo, Chi Long et Léa Noblet Di Ziranaldi, et la musicienne Frannie Holder. » Le film, comme la pièce, se questionne sur la féminité et la place des femmes dans la société. Le réalisateur et la chorégraphe ont réfléchi à la transposition en film d’une chorégraphie, deux médiums diamétralement opposés qui ont des besoins radicalement différents. Pour le moment, « La Goddam Voie Lactée » n’est programmé qu’au FIFA, mais Jérémie Battaglia a signé récemment une entente de distribution avec Vidéographe. Il est fort à parier que le film trouvera la route des festivals internationaux.

    « J’ai toujours été attachée au FIFA, d’abord comme cinéphile, puis comme participante et, aussi, comme membre du jury, précise Jennifer Alleyn. Ce fut une expérience très riche lors de laquelle j’ai rencontré des gens de tous les horizons qui avaient à coeur le développement de cet outil pour faire connaître les artistes et les démarches. Le festival a un impact local et international. » Après sa diffusion au FIFA, « L’atelier de mon père » a également été présenté dans un festival en Italie et un autre à Tel-Aviv, en Israël.

    Pour l’édition 2023 du FIFA, Jennifer Alleyn se retrouve encore une fois en compétition pour un très court métrage réalisé avec du financement du Conseil des arts du Canada. La revue de poésie Exit avait reçu du financement du CAC pendant la pandémie pour mettre à l’écran les mots de poètes québécois et canadiens. La réalisatrice a choisi « Hôtel chancelant », un texte du poète franco-ontarien Patrice Desbiens. « Ce projet s’est fait dans une économie artisanale, souligne-t-elle. Pierre Bastien, Alain Chevarie et moi devions faire dix petits films. Finalement, j’en ai fait un et les autres en ont fait neuf. Le poème se passe entre Ottawa et Montréal, alors je suis partie avec ma caméra en train. C’était super de repasser derrière la caméra, comme au temps de "La course autour du monde" et de capter le vivant. J’avais réussi à me trouver une chambre à Ottawa, alors que tous les hôtels affichaient complet. Le tournage a vraiment été magique. Ma chambre se trouvait au 9e étage, avec une vue sur un stationnement tout à fait noir. Je me suis beaucoup amusée. » L’ensemble de ces dix films sera présenté en compétition en même temps sous la forme d’un long métrage.

    Jérémie Battaglia connaît bien Philippe U. del Drago, le directeur général et artistique du FIFA pour avoir travaillé avec lui lorsque celui-ci faisait partie de l’équipe marketing du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. « Déjà à cette époque, Philippe avait le souci de trouver de nouvelles façons de faire se rencontrer les différentes formes d’arts, souligne-t-il. Il était tout désigné pour diriger le FIFA, d’abord parce qu’il est un vrai esthète dans ses goûts et qu’il a envie de mettre en avant des choses moins connues. Mes films sont financés par les conseils des arts et, après, il existe très peu de fenêtres de diffusion et, parfois, j’ai l’impression que mes films vont disparaître dans les limbes d’Internet. Avec la plateforme à l’année, j’ai l’impression qu’ils ont trouvé une maison. »

    En juin prochain, les films « La somme des rêves » et « La Goddam Voie Lactée » seront présentés à Séoul dans le cadre d’un événement sur le cinéma québécois présenté dans la capitale coréenne en partenariat avec le FIFA. Preuve des fenêtres internationales qu’ouvre le festival pour les oeuvres d’ici.

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