[VIDÉO] Niosense veut réduire les GES en rendant les camions lourds plus intelligents
Lorsque Patrick Lauzière et David Préville se sont rencontrés il y a 5 ou 6 ans, ils ont tout de suite eu des atomes crochus. Le premier, ingénieur spécialisé en génie électrique avait déjà une bonne connaissance dans les villes et le transport intelligent et le contrôle des feux de circulation, le second, qui a également fait des études en génie électrique informatique, avait travaillé dans l’éclairage intelligent. En septembre 2020, ils fondent Niosense, une entreprise qui vise à transformer la mobilité urbaine et créer un monde plus fluide et moins polluant, a expliqué David Préville au Lien MULTIMÉDIA lors d’une rencontre au Startupfest.
La solution développée par Niosense utilise les données pour permettre d’interagir avec les feux de circulation. « Il faut faire attention, les gens ont souvent le syndrome de l’inventeur, explique le cofondateur et chef de l’exploitation. Nous avons trouvé une solution avec nos compétences. » En fait, l’idée de la solution est venue à David Préville alors qu’il se rendait au travail à 5 h du matin et a dû s’arrêter à tous les feux rouges alors qu’il était seul sur la route. Il en a parlé à Patrick Lauzière, PDG de la start-up, et tous deux se sont dit que cela ne faisait aucun sens d’avoir à s’arrêter à des feux de circulation alors qu’on est seul sur la route. Encore fallait-il amener le produit sur le marché pour répondre à un besoin particulier.
C’est là que les deux fondateurs ont eu l’idée d’approcher l’industrie du camionnage lourd pour qui chaque arrêt correspond à trois litres de diesel. « Nous avons réfléchi et nous avons conclu que les camions lourds connaissaient vraiment des problèmes de perte d’énergie. Nous avons monté notre dossier et nous les avons rencontrés pour voir comment cela se passait pour eux et c’est là que nous avons déterminé qu’il y avait un problème à régler. » La solution est prête depuis quelques mois et, maintenant, les dirigeants de la petite entreprise ont commencé à approcher des clients potentiels pour démontrer comment l’évitement d’arrêts permet la conservation d’énergie. Les feux de circulation de Trois-Rivières sont déjà connectés et un projet-pilote a été implanté en 2021.
« Nous avons essayé d’éviter la complexité puisque le produit fonctionne facilement, précise David Préville. Nous sommes allés chercher qui pourrait l’utiliser. Or, les chauffeurs de camion utilisent déjà la position GPS. Les données sont fractionnées et imparfaites, mais, avec l’algorithme, le chauffeur sait à tout moment où il se situe et il peut ensuite parler au feu. Les protocoles existent déjà. Maintenant, il faut voir comment convaincre les villes. » Niosense a donc décidé d’offrir gratuitement son produit aux villes et ce sont les camionneurs qui deviennent les utilisateurs-payeurs. Et cela tombe bien alors que les prix du carburant augmentent.
Les deux fondateurs voient plus loin. Il existe déjà une pénurie importante de chauffeurs et, d’ici dix ans, on verra sur les routes des chauffeurs virtuels avec l’arrivée des véhicules autonomes. Ces véhicules comprendront comment fonctionne la ville, par exemple en voyant s’il y a des piétons sur le chemin. On pourra même envoyer l’information au piéton pour l’avertir du passage d’un camion. « Notre produit peut être vendu mondialement, lance David Préville. Nous avons fait des approches en France où le modèle des feux intelligents fonctionne. Nous allons approcher d’autres villes. Certaines ont déjà des feux connectés, comme à Vancouver. Si on les approche, en 2 ou 3 semaines, la solution peut être déployée. » Niosense estime pouvoir entraîner une réduction annuelle mondiale de 500 millions de tonnes de GES.