[PODCAST] L’album « Les crucifiés figuratifs » du duo Ellemetue, un regard mitigé sur les réseaux sociaux
Entre rock dérangeant et poésie décontractée, le duo Ellemetue présente son troisième album intitulé « Les crucifiés figuratifs ». Lancé sous l’étiquette de la maison de disque Bravo musique, cet opus aborde les réseaux sociaux et la technologie avec une approche féministe influencée par les vagues de dénonciations des dernières années. Le Lien MULTIMÉDIA s’est entretenu avec la parolière et chanteuse Nunu Métal pour en apprendre davantage sur la création de ce projet.
Oeuvrant tous deux dans le milieu du cinéma, Nunu Métal et Mingo l’Indien se sont rencontrés lors d’un tournage à Val-d’Or. Au fil des séances de création et d’expérimentations musicales, le duo s’est formé. Nunu Métal a une formation en piano classique tandis que Mingo l’Indien a maitrisé la guitare avec l’expérience. En 2016, ils sortent leur premier album « Rare à l’état naturel » et le deuxième, « En pays lointains », suivra en 2018.
Textes percutants, débits variés, envolées musicales déchaînées, la musique d’Ellemetue est un amalgame de plusieurs influences qui, rassemblées, amènent un style rarement entendu dans le paysage musical québécois des dernières années. « Cela se fait assez instinctivement. On vient de milieux musicaux différents. J’aime beaucoup la poésie. Je suis inspirée par Josée Hivon, Denis Vanier, Patty Smith et Brigitte Fontaine. Les dénonciations de l’oppression sociale et les communautés marginalisées sont des sujets qui me touchent et m’inspirent beaucoup. On aime beaucoup Lou Reed pour son parler-chanter et sa désinvolture. On est aussi inspirés par l’ironie et l’authenticité de Plume Latraverse et de Lucien Francoeur. On essaie aussi de contourner les attentes que les gens peuvent avoir par rapport à la musique pop », raconte la parolière d’Ellemetue.
Dans « Les crucifiés figuratifs », Ellemetue porte un regard nouveau sur la technologie et notre rapport collectif aux réseaux sociaux. « C’est une ode à la religion "digitale" qui en fait autant l’éloge que la critique. Sans être un album concept, il y a l’image de la réincarnation. Je voulais faire un album plus concret et moins abstrait, qui représente la réalité extérieure. C’est relié aussi au ras-le-bol général qu’on a en ce moment lié aux attentes de la société envers nous et aux conséquences de l’isolement. En même temps, on veut garder une certaine touche de légèreté, d’humour et d’espoir, bien que ce soient des sujets plus difficiles », clarifie Nunu Métal.
« J’ai eu une approche féministe pour cet album. Il y a plusieurs chansons qui sont appuyées de choeurs chantés par des femmes. J’ai été très touchée par le mouvement #Metoo et le nombre imposant de féminicides qu’il y a eu au Québec dans la dernière année. De manière subtile, j’avais envie de me prononcer sur le sujet. C’était aussi important pour moi d’utiliser le jargon des réseaux sociaux. J’ai mélangé l’anglais, le français et des appellations du Web pour créer un vocabulaire mixte. J’écris souvent à la première personne dans plusieurs textes parce que je ne veux pas me mettre à l’écart de ce que je dénonce. »
Depuis le début de la pandémie et des confinements qui en ont suivi, de nombreuses personnes ont vu leur utilisation des réseaux sociaux augmenter. C’est le cas de Nunu Métal, qui a voulu pousser sa réflexion sur cet enjeu dans « Les crucifiés figuratifs ». « J’ai navigué les réseaux et j’ai fait part de mes impressions. Je me suis inspirée des commentaires que je lisais et de l’iconographie. C’est un genre de puits sans fond sur lequel on peut passer des heures », explique Nunu Métal.
Le duo prévoit le spectacle de lancement de leur nouvel album au début mars.