Noémie de Rothschild explique que la douance est une divergence qui devrait être mieux comprise
Noémie de Rothschild a trouvé dans l’industrie du jeu vidéo, particulièrement chez Eidos-Montréal, un milieu ouvert à des gens surdoués comme elle. Elle souhaite cependant que plus d’entreprises prennent le temps de comprendre ce qu’implique réellement cette neurodivergence. D’ailleurs, les employeurs y gagneraient beaucoup, selon elle.
- Titre : Gestionnaire en relations publiques internationales d’Eidos-Montréal
- Âge : 25 ans
- Entrée dans l’industrie du jeu vidéo : 2019
- Principales fonctions en carrière : Responsable de compte de Citoyen, responsable des relations publiques de Reflector Entertainment, stratège marketing en développement des affaires de Skillspotting.
Même si elle a été ainsi diagnostiquée à l’enfance, Noémie de Rothschild n’aime pas qu’on la qualifie de surdouée. Pour cette jeune femme de 25 ans, non seulement ce terme est mal compris, mais il suscite des attentes injustifiées. En France, le mot tend même à disparaître, car il entraîne de la confusion sur ce que sont et ce que ne sont pas ceux qui présentent ce profil.
« Contrairement à ce que ce terme sous-entend, être surdoué, ce n’est pas nécessairement être plus intelligent que les autres, explique-t-elle. C’est un état qui se caractérise par une hyperactivité cérébrale combinée à une hypersensibilité envers des éléments qui importent peu pour la très vaste majorité des gens. »
Bénéfices et inconvénients
De manière concrète, cela signifie que quand elle est confrontée à un enjeu, Noémie de Rothschild parvient plus vite que la moyenne à établir des liens entre deux idées ou à en arriver à des déductions. « En contrepartie, je peux perdre le sommeil parce que je me remets en question en me disant "Pourquoi n’y ai-je pas pensé ?" ou encore "J’aurais pu faire les choses autrement". De plus, je peux parfois être fortement atteinte par une parole, un geste ou un événement pouvant paraître anodin. En somme, l’avantage de la douance, c’est d’être capable d’assimiler très vite les choses. Mais le côté pervers, c’est de souvent voir l’effet exponentiel d’une faute et de multiplier par quatre ses potentielles répercussions. »
Un autre bénéfice de la douance est de pouvoir gérer avec efficacité plusieurs dossiers de front. Il s’agit clairement d’un atout dans les fonctions qu’occupe Noémie de Rothschild chez Eidos-Montréal, où elle pilote les relations publiques pour les divers produits de l’organisation en plus de contribuer à son image de marque. « Une fois qu’un surdoué a compris quelque chose, il s’ennuie et décroche vite. Personnellement, j’ai besoin d’être challengée dans tout. Or, dans l’industrie du jeu, et dans le monde technologique en général, les choses bougent et évoluent rapidement. Cela m’a tout de suite attirée vers ce milieu. »
Les technologies : un milieu qui gagnerait à s’ouvrir
La spécialiste reconnaît ne jamais avoir été aussi ouverte sur sa neurodivergence que chez Eidos-Montréal. « J’y suis tombée sur des gens qui cherchent d’abord à comprendre au lieu de tirer des conclusions hâtives. » À ce chapitre, au-delà de ses fonctions, la jeune communicatrice se donne justement la mission d’éduquer les milieux professionnels à faire la part des choses dans le cas d’employés neurodivergents. Et particulièrement à leur offrir des conditions de travail adéquates pour maximiser leur apport.
« Il suffit souvent de changements mineurs, rappelle-t-elle. Par exemple, une personne sur le spectre de l’autisme ne pourra pas se développer à son plein potentiel si elle est placée dans un milieu agité, avec trop de stimulations et de brouhaha. Dans ce cas, c’est une erreur que de lui imposer des espaces de travail ouverts. Il faut, en revanche, lui procurer son espace propre, où elle sera plus à l’aise. Il est également très important pour l’équipe qui entoure un individu neurodivergent de comprendre sa différence et de faire la part des choses pour le respecter. »
Changer les mentalités
Ce côté missionnaire est très présent dans le parcours pourtant jeune de Noémie de Rothschild. Ainsi, elle a été bénévole auprès de groupes sociaux, communautaires et éducatifs, offrant entre autres de l’aide aux devoirs à des étudiants aux profils atypiques, par exemple ceux atteints du syndrome de La Tourette.
Depuis quelques mois, elle joue aussi un rôle de mentor auprès de Fusion Jeunesse, organisme qui contribue à la persévérance scolaire, à l’employabilité et à l’engagement civique des jeunes. « Je me donne comme objectif de mieux leur faire connaître ma profession et le monde du jeu vidéo pour leur démontrer que les femmes y ont leur place. Même parmi cette génération, des croyances persistent. Ainsi, quand je leur dévoile mon domaine professionnel, certains me disent : "Tu es une fille et tu travailles là-dedans ?" ou encore "Tu n’as pas du tout la tête de quelqu’un qui travaille dans les technologies." »
Elle souhaite sur ce plan que le monde du travail se montre à son tour réceptif pour permettre l’évolution des mentalités, question de laisser une place à des gens aux profils variés. « Faire l’effort, c’est un bon point de départ », conclut-elle.
Cet article est également disponible dans le numéro hors série de Qui fait Quoi Inclusion et Diversité. Qui fait Quoi et Le Lien MULTIMÉDIA mènent une vaste initiative visant à favoriser la diversité, l’inclusion et combattre le racisme dans le milieu de l’audiovisuel, du numérique et des industries culturelles en général. Celle-ci se décline sur le Web, en vidéos, podcasts, reportages et visibilité dans nos publications et plateformes et s’inscrit dans la durée. Pour mener à bien ce projet, nous sommes la recherche de partenaires institutionnels et privés pour nous accompagner dans cet engagement. Il est possible de contribuer ou de soutenir cette initiative en -> cliquant ici <-. https://bit.ly/3hLZUZn - Pour en discuter, nous vous invitons à contacter Steeve Laprise, [email protected]. |