L’organisme belge FormaForm utilise le numérique dans la formation de formateurs
Criminologue de formation, Gaëlle Boulet possède deux parcours, l’un comme bénévole dans des prisons et l’autre comme employée, puisqu’il faut bien vivre. Rapidement, elle commence à travailler dans l’insertion socioprofessionnelle, dans la formation de professionnels et dans les ressources humaines, essentiellement dans le secteur public. Le Lien MULTIMÉDIA l’a rencontré alors qu’elle était de passage à Montréal lors de MTL connecte dans le cadre d’une délégation Wallonie numérique, dans la cohorte recherche, innovation et culture.
Gaëlle Boulet passe 15 ans au Forem, le service public de l’emploi et de la formation professionnelle en Wallonie. « À un moment, j’ai piloté L’année des compétences, qui a provoqué une multitude de rencontres de différents secteurs rassemblant des gens des secteurs de l’enseignement, de la formation et des entreprises, dit-elle. Après, j’ai été conseillère au cabinet du ministère de l’Éducation. Enfin, il y a 8 ans, j’ai postulé pour devenir directrice de FormaForm. Au moment de mon arrivée, le projet était embryonnaire. Il s’agissait dans un premier temps de mutualiser les forces des institutions publiques de formation pour créer un service de formateurs dans un même lieu et de mutualiser les ressources et les expertises. »
FormaForm se charge de la formation continue des adultes pour les formateurs en exercice. L’organisme a adopté une approche collective, collaborative, utilisant la co-construction, la coopération et la cooptation. « Ces valeurs sont très prégnantes chez nous, précise Gaëlle Boulet. Nous proposons une multitude de modalités et d’approches différentes, pas uniquement la formation en salle classique. Nous essayons de diversifier, avec des cours à distance et en présentiel. Nous sommes beaucoup dans la ludification et nous travaillons dans la co-construction en assemblant des méthodes et des outils. » L’équipe de FormaForm compte 27 personnes, dont 15 formateurs de formateurs. Elle oeuvre dans le secteur public et associé, des organismes qui font de l’insertion socioprofessionnelle dans tous les secteurs, de la coiffure, à la menuiserie en passant par le soudage ou l’enseignement des langues. L’organisme se charge de s’adapter aux différentes réalités et expertises et voit quels outils et quelles approches sont plus pertinents. « Nous faisons donc pas mal de didactique, ajoute la directrice. Les formateurs de chauffeurs de poids lourds n’ont pas les mêmes besoins que ceux en esthétique, on s’en doute ! »
La technologie fait partie intégrante dans la formation de formateurs. Non seulement les formations peuvent être offertes à distance, mais le numérique demeure très présent en salle de classe, que l’on pense aux outils de collaboration, d’échange, de stockage et de partage de documentation afin de faire perdurer les échanges. « Nous utilisons beaucoup la vidéo dont nous faisons des usages multiples et nous essayons, de plus en plus, d’utiliser les balados, souligne Gaëlle Boulet. Nous commençons un tout petit peu la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle, mais cela coûte très cher et c’est encore compliqué de les intégrer dans la réalité du travail. »
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la directrice de FormaForm était de passage à MTL connecte, dont le grand thème cette année est l’intelligence collective, valeur fondamentale de l’organisme. Le sous-thème de l’intelligence artificielle l’interpelle, particulièrement dans le développement de compétences.
« FormaForm s’avère un endroit noeud pour dispenser des savoirs fondamentaux aux formateurs qui vont rencontrer des milliers de stagiaires chaque année, ajoute-t-elle. Nous réfléchissons à une position philosophique, voire politique dans l’intégration de l’IA dans la formation professionnelle. Nous avons des débats à l’interne sur la question, certains poussant l’adoption de l’IA, d’autres préférant la freiner. Je suis donc à Montréal pour me forger ma propre opinion et voir jusqu’où cela vaut la peine d’investir et d’utiliser l’IA comme outil et réfléchir à ce qu’elle peut apporter de bon et pas que de mauvais en matière de compétences et de connaissances. »
La participation de Gaëlle Boulet de FormaForm à MTL connecte s’inscrit dans le cadre de l’initiative « La Wallonie numérique ».