« Stations », projet solo le plus personnel de Louise Lecavalier
Après les duos « So Blue » et « Mille batailles », Louise Lecavalier revient à un projet solo avec « Stations », présenté lors de la 14e édition du Festival TransAmériques du 21 au 27 mai. Spectacle qu’elle décrit comme son plus personnel jusqu’à présent, la pièce promet d’être déployée en totale simplicité. Travaillant toujours par blocs, la danseuse et chorégraphe a poussé ici au maximum sa capacité à créer des segments. « Dans "Mille batailles", les danses étaient souvent de 7 ou 8 minutes. Je pensais que c’était le plus loin où je pouvais aller. Là, il fallait que j’aille jusqu’à 15 minutes. C’est aussi pour aller plus loin dans la recherche », nous explique-t-elle en entrevue.
Bien qu’elle puise au fond d’elle-même pour construire ces quatre « Stations », Louise Lecavalier demeure discrète quant à l’inspiration qui la mène à s’exprimer sur scène. Elle avoue vouloir se laisser imprégner par des causes qui lui tiennent à coeur. Par contre, dans le spectacle, elle refuse de les nommer.
« Parce que je suis sensible à beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses. J’ai l’impression que nous sommes en guerre. Et je fais ma petite guerre personnelle pour trouver une façon de vivre à travers les désastres dont nous parlons beaucoup. Danser me semble la seule solution », glisse l’artiste.
Toujours en plein processus créatif, elle s’apprête à peaufiner la mise en scène de son spectacle après plusieurs mois de répétitions en studio, des instants qu’elle qualifie de vertigineux, mais qu’elle adore énormément.
« Parfois, je sens que je trouve encore des choses et je ne veux pas bloquer. Fort heureusement, plus tu cherches, plus tu trouves. C’est sûr que le coeur du mouvement est là. J’ai presque tout, mais il manque des petits détails à certains endroits. Et c’est en ce moment que je les trouve. Il faut garder un équilibre entre la détente et un travail constant. C’est ce qui est à la fois effrayant et très excitant », décrit Louise Lecavalier.
La créatrice s’apprête donc à passer dans un décor noir, celui qui sera sur scène. Et même si elle apprécie les moments créés en studio grâce à la lumière naturelle qui confère un aspect bien particulier à l’univers qu’elle imagine, elle accepte tout à fait que quelque chose se transforme au moment de changer de lieu.
Malgré tout, la chorégraphe tente de garder la même finesse et la même délicatesse. Le fait d’être sur la scène ne la convainc pas d’offrir quelque chose de plus exubérant ou d’imposant, bien au contraire.
« Ça coûte aussi plus cher et c’est plus complexe. Je veux aussi voyager léger. Je suis très conscientisée à propos de l’écologie. Je ne veux pas de flafla. Je veux que ça reste simple. Ma danse parle de ça et je ne veux pas que ce qui m’entoure me transforme ou n’ait plus de lien avec ce que je pense ou ce que je vis », indique-t-elle.
À la musique, Louise Lecavalier refait équipe avec Antoine Berthiaume qui devrait composer deux pièces pour le spectacle. Mais la grande inspiration de ce spectacle demeure le jazz. « Il ne reste plus de jazz finalement, concède-t-elle. Mais il reste quelqu’un qui s’appelle Colin Stetson, un saxophoniste. Il y a deux pièces de lui et son souffle fut majeur pour moi dans la création. »