Avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, les entreprises doivent mettre en place un plan d’action
En 2018, PwC a publié ses prédictions en matière d’intelligence artificielle (IA), suite à une enquête auprès de 1 000 cadres d’entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard $. La moitié des répondants travaillaient dans des départements autres que les TI. On voit donc un déplacement de la technologie vers les affaires, a expliqué Annie Veillet, directrice principale - Solutions analytiques et RPA chez PwC Canada, lors d’une présentation dans le cadre de MTL Connecte, cinq journées de réflexion sur l’intelligence artificielle organisées dans le cadre du Printemps numérique.
Six grands chantiers ont été identifiés par PwC. La moitié des entreprises ont débuté leur parcours en IA et 20 % se trouvent à l’étape où elles veulent avoir un impact à travers l’entreprise et veulent vraiment l’appliquer de façon interprofessionnelle. Et 20 % de celles qui ont débuté ont dépassé l’étape de la réflexion et se trouvent dans l’action. Le premier chantier vise donc à s’organiser pour avoir un retour sur l’investissement. La structure organisationnelle doit former les employés des divers secteurs — TI, affaires, spécialisation en IA — afin qu’ils trouvent une façon de collaborer ensemble. « Il demeure important de mettre en place une structure pour la collaboration, indique Annie Veillet. Lorsque l’on parle d’application d’IA, il existe encore très peu d’algorithmes. On ne peut pas avoir un centre d’expertise qui peut répliquer les modèles »
En cette période de pénurie de main-d’oeuvre, il n’existe pas assez d’experts. Pour les citoyens usagers, il faut réfléchir à de nouvelles façons de travailler, en les sensibilisant aux impacts de l’IA. Les citoyens développeurs sont, de leur côté, des gens qui possèdent davantage de connaissances techniques, qui connaissent bien les données et qui vont travailler avec les citoyens usagers. Il existe également une troisième catégorie de gens : les spécialistes de l’IA, mais ceux-ci travaillent encore en silo, donc leur impact se trouve moindre.
« Le troisième chantier vise à amener la confiance envers l’IA, par exemple dans le milieu financier, plus mature, où l’on retrouve davantage de modèles et qui peut donc rassurer les clients », souligne Annie Veillet. Et, de ce côté, il existe plusieurs sous-chantiers, dont l’équité et la compréhension des partis pris dans les modèles. Il faut aussi expliquer pourquoi et comment les décisions sont prises. Certains demeurent plus faciles à expliquer, d’autres, plus complexes. Il faut aussi se pencher sur la robustesse et la sécurité des systèmes, les risques de bris et les cyberattaques. Le quatrième chantier touche la gouvernance. Il faut savoir identifier quelles sont les personnes responsables.
Il faut prendre en compte tout ce qui touche à l’éthique. « On investit dans les données, mais il est super important d’investir dans la qualité de ces données, estime la directrice principale - Solutions analytiques et RPA de PwC Canada. Il faut voir tout ce qui est nécessaire à la bienveillance de nos modèles. » Les entreprises doivent aussi apprendre à se réinventer. Certains avantages de l’IA restent évidents, soit augmenter les revenus et baisser les coûts, mais là où on peut voir de réels gains c’est quand l’IA introduit de nouveaux produits et de nouvelles offres.
Enfin, il faut se pencher sur la convergence de l’IA avec les autres technologies, ce qui peut apporter beaucoup de valeurs. « Pour certaines industries, ce chantier peut être le plus intéressant, estime Annie Veillet. Comment combiner les technologies et les données pour les catalyser ? Un autre aspect important concerne le rapprochement des humains. Peu importe l’industrie, on peut aller chercher de la valeur dans chacun de ces six chantiers. » Il faut mettre en place un plan de développement, un plan de recrutement et de rétention. On doit s’assurer de faire confiance à la qualité des données et en profiter pour revoir les modèles organisationnels et, enfin, voir comment intégrer cette technologie avec les autres déjà existantes, conclut-elle.