Le studio wallon Dirty Monitor tisse des liens avec le Québec
Après des études en archéologie, Arnaud Meulemeester a exercé son métier un peu partout en Europe, en Italie, en Grèce, en Russie, pendant six ans. Puis, en 2016, il décide de suivre une formation en commerce international grâce à un programme proposé par Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements étrangers (AWEX). Ce programme s’adresse à des personnes possédant un profil atypique qui veulent se former en commerce international, a-t-il raconté au Lien MULTIMÉDIA lors de son passage au MTL connecte, dans le cadre de la délégation de La Wallonie numérique.
Après cette formation, Arnaud Meulemeester intègre l’entreprise de mapping (ou mappage) vidéo Dirty Monitor, située à Charleroi, ville où il a d’ailleurs grandi, à titre de responsable du développement des affaires internationales au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique du Nord et en Europe. « Dirty Monitor est née au début des années 2000, fondée par deux frères d’origine italienne, Mauro et Orphée Cataldo, deux passionnés d’images qui pratiquaient le VJing pendant des concerts en projetant des images en vidéo synchronisées avec la musique, raconte-t-il. Très vite, ils ont voulu sortir du cadre de l’écran et sont passés aux façades en jouant avec les fenêtres, les colonnes et les éléments sur les murs. Ils ont fait un usage détourné de la technologie pour arriver à ces effets. »
Les frères Cataldo se sont avérés des pionniers dans le domaine du mapping vidéo, un genre peu exercé en Europe et en Amérique du Nord. Dirty Monitor est né à peu près en même temps que Moment Factory au Québec, rappelle-t-il. Depuis, les grands projets internationaux n’ont cessé de se multiplier. En 2013, l’équipe a réalisé une performance en mapping vidéo dans le cadre de la cérémonie d’ouverture du Festival International du Film de Beijing, qui s’est déroulée dans un lieu emblématique de la capitale chinoise, « Tian Tan, le Temple du ciel ». Par la suite, dans le cadre des fêtes du Nouvel An 2015 et 2016, le studio s’est rendu à Dubaï pour y animer le Burj Khalifa, la plus haute tour du monde. « Nous avons aussi fait la cérémonie d’ouverture de l’Expo universelle d’Astana en 2017 et celle de la fermeture de l’Expo universelle de Dubaï en 2020. Nous avons aussi réalisé des expositions immersives sur de grands peintres tels que Van Gogh, Monet et Klimt. »
Même à Montréal, Dirty Monitor a fait sa marque. En 2017, lors des festivités du 375e de la ville, le studio wallon a projeté « Bruegel – la chute des anges rebelles », sur la façade de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec. En 2022, le studio a collaboré avec le musicien Molecule sur « -22.7° », une expérience immersive inspirée du cercle polaire dans le dôme de la Satosphère. « Ce fut un grand succès à la SAT, note Arnaud Meulemeester. L’expérience a tenu l’affiche, à guichet fermé, pendant quatre semaines. »
Avant d’être une entreprise, Dirty Monitor était un collectif d’artistes, fondé 10 ans avant le studio. Il est donc dans son ADN de collaborer avec des artistes à travers le monde, danseurs, chorégraphes, magiciens, musiciens, mais aussi d’autres artistes du numérique, même si cela n’est pas toujours facile puisqu’il faut confronter deux visions artistiques.
« Nous sommes fans de Moment Factory, souligne le responsable du développement des affaires internationales. Et nous nous entendons bien avec d’autres studios de mapping vidéo dans le monde. Nous venons tout juste de sortir d’un très gros projet pour la 45e session du Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO, qui s’est déroulée à Riyad le 9 septembre 2023. En 20 minutes, nous avons raconté toute l’histoire de l’Arabie saoudite à travers ses différentes époques. Nous avons travaillé avec des archéologues et le projet a eu un retentissement international. »
Depuis des années, le Consulat belge voulait que Dirty Monitor participe à une délégation à MTL connecte et 2023 en fut l’occasion. Il faut dire que Montréal a accueilli une grande délégation de Belgique et de Wallonie, en présence de ministres du plat pays. Les représentants du studio en ont profité pour rencontrer les équipes du Quartier des spectacles, du Cirque Éloize, avec qui ils avaient déjà établi un partenariat. « C’est très stimulant de venir ici, on voit une belle évolution, de nouvelles technologies et de nouvelles approches qui peuvent nous inspirer », conclut Arnaud Meulemeester.
La participation d’Arnaud Meulemeester de Dirty Monitor à MTL connecte s’inscrit dans le cadre de l’initiative « La Wallonie numérique ».