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    Bobby Ananass, la drag queen effeuilleuse et l’homme de théâtre Bobby Ananass (Cabaret Tangente - La grande messe). Photo: Pierre Tran

    Bobby Ananass, la drag queen effeuilleuse et l’homme de théâtre

    30 juin 2022, 07h30
         |      Article rédigé par Yves Tremblay     

    Bobby Ananass est le personnage de drag queen (à barbe) qu’interprète Adam Provencher, un artiste pluridisciplinaire qui participait à la mi-juin au cabaret néo-burlesque « La grande messe », présenté par Tangente à l’édifice Wilder du Quartier des spectacles. Son solo proposait une affirmation de sa personnalité queer et un certain regard sur la masculinité, un numéro sensuel créé en collaboration avec la danseuse et chorégraphe contemporaine Krystina Dejean, adepte du waacking, une danse de club LGBTQ+. Dans un entretien spontané entre deux répétitions en studio, Bobby Ananass nous parle de ses multiples expériences et formations reliées à la scène, des origines du waacking et de ses divers projets pour cet été et l’automne prochain.

    Dès l’âge de 6 ans, Adam Provencher chante dans une chorale d’église. Depuis plusieurs années maintenant, il assume sa versatilité artistique, sa personnalité multiple, ayant d’abord une formation en design de vêtements. Plus tard, il se dirige vers le costume de scène et étudie en scénographie à l’École nationale de théâtre du Canada, où il peaufine sa vision en tant que concepteur de costumes, de décors et d’éclairages. En 2015, il entame un baccalauréat en danse contemporaine à l’UQAM, tout en poursuivant sa formation en chant avec un coach vocal jusqu’à aujourd’hui. Pour « La grande messe », il performe une fois de plus son personnage de Bobby Ananass. « C’était quand même important pour moi de construire un costume sur ce show-là, en lien avec le propos : un tuxedo noir et blanc, un costume typiquement masculin, dans une silhouette qui est typiquement féminine, avec un corset noir. Tout est noir et blanc ; il n’y a pas de couleurs. Tout est construit autour du principe de la masculinité, et comment est-ce que Bobby Ananass l’intègre en le féminisant et en le cassant. Ça soutient tout le discours autour du vêtement, des pièces musicales, la chorégraphie, le jeu de corps plus lourd, plus tendu au niveau de la masculinité, le discours "allongé", super ouvert autour du féminin… Donc c’est un peu avec toutes ces variables qu’on a joué pour créer ce numéro », raconte-t-il au sujet de son évocatrice proposition.

    À la suggestion des co-commissaires Nanah Postel, artiste de néo-burlesque et animatrice de cette soirée audacieuse, et de Laurane Van Branteghem, programmatrice chez Tangente, Bobby Ananass a été jumelé avec la chorégraphe contemporaine Krystina Dejean pour créer un numéro spécialement pour l’occasion. La chorégraphe découvre autour de 2013 le waacking puis, de façon autodidacte, se perfectionne à Montréal et à travers divers voyages à l’étranger. Elle donne aujourd’hui des ateliers dans les écoles et les groupes communautaires en danse hip hop notamment, et elle est également coordonnatrice à la logistique pour la plateforme de développement chorégraphique Montréal Danse. Les deux artistes ont commencé à travailler ensemble dès avril 2022 sur ce projet.

    Bobby Ananass (La grande messe - Cabaret Tangente). Photo : Gabriel Germain

    Vers la fin des années 1980, la communauté noire, latine et queer d’Harlem inventent le voguing. Dans ces battles de danse en boîte de nuit, on imitait et se réappropriait les défilés de mode, auxquels cette part de la population n’avait pas ou peu accès. Distinctement, l’origine du waacking se trouve plutôt sur la côte ouest américaine, à Los Angeles. « C’est devenu un moyen de communication pour les gens queer pour ventiler, canaliser la rage de se faire écraser, ces deux mouvements donc. Le mouvement du waacking, qui est comme extérieur, de ce que j’ai compris, c’est comme d’essayer de reproduire certains mouvements des films de kung-fu, avec les bras, en imitant les nunchakus, un mouvement de combat, comme Bruce Lee. On y intègre également des poses comme celles des femmes des années 40, pendant le golden age d’Hollywood, des divas de cette époque, avec leurs lumières particulières et les poses que prennent les visages. Il s’agit d’une espèce d’association entre le monde glamourous, le côté kung-fu et les films de Batman [en référence aux onomatopées], les Waack !, Bam ! Pow ! et tout ça, sur de la musique super disco et très rythmée », explique Bobby Ananass. Guidé dans cet exercice par Krystina Dejean, le performeur a délibérément mis sa personne de l’avant, un des concepts de base du waacking d’ailleurs.

    Bobby Ananass et sa chorégraphe sont partis du canevas suivant : une introduction en stand-up, une chanson qu’allait créer la diva sur « I Will Survive » (de Gloria Gaynor), puis un effeuillage pendant le titre « Kid » (d’Eddy de Pretto), autour du thème de la masculinité toxique. Enfin, une « ouverture dans l’espace » sur la pièce « Trololo » du baryton russe Eduard Khil clot son numéro de cabaret. Rappelons au passage que ce chanteur s’est vu associé au trolling sur Internet via un mème d’un extrait de cette chanson. Au montage sonore, l’effeuilleur·euse, qui normalement travaille avec son compagnon de scène (et fiancé) Bunny Valentin pour les monter, a profité de la conceptrice sonore Diana Reyes, aussi DJ sous le pseudonyme Fly Lady Di. Comme dernière collaboration, Bobby Ananass a bénéficié des talents de l’artiste perruquier Ben Addiction, également drag queen de Sherbrooke.

    Interrogé sur l’aspect engagé de l’événement – pas moins festif et interactif avec le public pour autant – l’artiste confie s’être retrouvé en solo, pour une rare fois. Il en a profité pour jouir de sa tribune, quelque chose qu’il dit souvent recommander vivement à ses élèves lorsqu’il enseigne. « Si j’ai bien compris, le waacking vient vraiment de l’intérieur... et vu que je travaille majoritairement en duo avec Bunny Valentin, il a fallu que j’aie cette espèce de moment de confiance, genre : j’suis qui moi en solo, tu sais ? Déjà au départ, se présenter en drag queen à barbe, c’est un statement je pense. Et il y a ce discours-là qui est important sur la masculinité toxique... J’ai grandi personnellement dans un univers très très aimant et très ouvert dans ma famille, mais la société m’a imposé de porter ceci, de dire cela, d’avoir les cheveux courts, m’a jugé de faire de la danse, puis il y a tout ce numéro-là [...] de la diva et de la masculinité toxique, puis après ça, l’émancipation de l’humain, peu importe ses couleurs et sa complexité. Je pense que le waacking et le travail de Krystina rentrent très très bien dans ce processus : l’affirmation de soi, d’être loud & proud, et de cesser de se rabaisser, pour une fois qu’on a la scène et l’espace pour le faire. »

    Adam Provencher oeuvre parallèlement à la scénographie du spectacle à grand déploiement « La Corriveau – La soif des corbeaux », une création originale autour de la légende et de l’histoire vraie de cette « sorcière » de Lévis, un théâtre musical qui débute le 7 juillet au Centre culturel Desjardins de Joliette et qui partira ensuite en tournée, notamment au théâtre Le Patriote à Sainte-Agathe-des-Monts et au Carré 150 à Victoriaville par la suite. Adam Provencher signe également le décor de « La Nuit des caribous » pour le théâtre de la Petite Marée à Bonaventure en Gaspésie, un spectacle jeune public avec marionnettes qui tournera aussi dans les maisons de la culture à Montréal, entre autres. Enfin, pour célébrer le 40e anniversaire du festival Juste pour rire à l’événement « 40 ans de vrai fun », l’homme très occupé prépare la conception des costumes d’un spectacle extérieur le 4 novembre, intitulé « Boylesque – All inclusive », qui en est à sa deuxième édition, avec Bunny Valentin. Il s’agit d’un spectacle burlesque « qui questionne le principe de masculinité, sur la diversité des corps notamment, dans la société, avec beaucoup de performances », indique le principal intéressé. Accompagné de sa formation folk-rock The Whynots, dans lequel il joue et chante, Bobby Ananass y invitera, entres autres, Lulu Belles Mirettes, qui fait un numéro sur le hockey et les Canadiens de Montréal, Golden Thunderpants, Baron von Styck et Nanah Postel.

    Bobby Ananass. Photo : Andrée Bouchard

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