« Fresque grotesque », l’oeuvre marquante d’Allison Moore
L’une des principales attractions de MTL connecte 2021 est sans équivoque l’installation « Fresque grotesque » réalisée par l’artiste montréalaise Allison Moore. Exposée à l’École des arts numériques, de l’animation et du design (NAD), son oeuvre prend la forme d’une immense murale vidéo générative où l’on aperçoit humains, nature et mythologie s’entrecroiser pour créer des figures uniques. Le Lien MULTIMÉDIA a parlé avec l’artiste de ce projet et de son parcours artistique.
Ayant étudié le cinéma à l’Université Concordia, Allison Moore place l’image au coeur de ses créations. « J’ai toujours été intéressée par le cinéma, les nouveaux médias, l’animation et l’architecture. Mon père était architecte donc j’ai toujours voulu faire carrière en arts visuels. J’ai commencé à développer des projets de cinéma et d’installations d’images en mouvement qui se situent dans l’espace public », explique l’artiste.
D’abord présentée dans l’atrium du Grand Théâtre de Québec dans le cadre de leur 50e anniversaire jusqu’au 5 septembre, « Fresque grotesque » est composée de 12 tableaux uniques qui défileront au fil des heures. L’oeuvre a une taille monumentale de 70 pieds de hauteur. « Les tableaux sont projetés sur ce mur vertical dans un contexte d’art performance. L’inspiration principale pour cette oeuvre sont les fresques grotesques anciennes découvertes dans les palais romains qui ont été très influentes à l’époque de la Renaissance », démystifie Allison Moore.
Pour cette fresque, Allison Moore utilise un amalgame de plusieurs techniques artistiques différentes afin de faire une oeuvre dynamique et surprenante. « Pour ce projet, la composition du tableau est en constante évolution. J’utilise un programme qui génère des fleurs en animation 3D. C’est un mélange entre des formes humaines, botaniques et animales. J’y imbrique également des images photographiques », raconte l’artiste multidisciplinaire originaire de Victoria, en Colombie-Britannique. Elle ajoute que « L’idée était de faire une peinture projetée en mouvements animés. Avec les personnages hybrides, je voulais questionner ce qui est artificiel, virtuel et réel. »
L’artiste multidisciplinaire a réalisé de nombreuses installations multimédias, quelques films et des vidéoclips musicaux, dont quelques-uns pour Julien Sagot. « Fresque grotesque » est tout de même le plus marquant aux yeux d’Allison Moore. « C’est vraiment spécial de travailler dans des espaces monumentaux comme ceux du Grand Théâtre de Québec et du NAD. Je travaillais pour la première fois avec le logiciel TouchDesigner et cela a vraiment ouvert mon esprit à trouver de nouvelles façons pour faire de la projection vidéo générative qui évolue avec le temps. Au cinéma, on a un narratif fixe mais ça élargit les possibilités des nouveaux médias », développe l’artiste visuelle.
Ses oeuvres ont été présentées dans de nombreux pays, dont le Japon, le Brésil et l’Australie. Elle y intègre des éléments fantastiques et enfantins souvent reliés à la nature et à l’environnement. Elle s’inspire du collage photo et du mouvement Dada. Par exemple, dans « Urban Terrarium », Allison Moore crée une ville fictive présentée sur trois écrans. On y voit plusieurs personnages apparaitre dans le décor et exercer des actions quotidiennes. L’attention aux détails et les touches de fantaisie font rayonner cette oeuvre. De plus, avec « The Enchanted Woods », elle élabore une installation vidéo immersive présentée sur trois murs dans laquelle des personnages mystiques se rencontrent et interagissent entre eux. Encore une fois, le travail minutieux et la réflexion derrière la présence de chaque élément fait par Allison Moore sont ce qui fait la force du projet.
« Dans plusieurs de mes projets, j’utilise les images photographiques de performeurs qui incarnent des personnages. Je les filme en studio sur un fond vert, donc il y a toujours un côté plus réaliste. Je mélange des techniques de tournages plus traditionnelles avec des animations 3D et 2D. C’est vraiment un mélange de médias. Normalement, je fais des boucles de vidéos assez fixes », expose Allison Moore.