Prosperia utilise l’IA pour automatiser les appels téléphoniques
En 2024, Maxandre Poirier a lancé avec trois autres associés la start-up en sécurité financière Prosperia Marketing. Le Lien MULTIMÉDIA l’a rencontré lors de MTL connecte alors qu’il était venu pour réseauter, une belle occasion pour cette jeune entreprise incubée au DigiHub de Shawinigan. Lorsque l’on est conseillé en sécurité financière, il ne faut jamais rater ce type d’événements, confie le directeur financier de la jeune pousse.
Prosperia offre une solution clé en main pour les travailleurs autonomes et les entreprises qui doivent passer des appels, précise Maxandre Poirier. Ces appels sont automatisés par l’intelligence artificielle. « L’IA va savoir répondre, selon les scripts dont nous la nourrissons, puis elle va pouvoir prendre des rendez-vous ou les qualifier pour créer des listes de pistes de vente, dit-il. Souvent, les travailleurs autonomes ont de la difficulté à effectuer des cold calls (sollicitation par appel). » La solution développée par Prosperia permet d’aller chercher une nouvelle clientèle, un processus assez long et difficile sur le moral, surtout en début de carrière. « J’aime la finance, mais la prospection, ce n’est pas mon fort », ajoute-t-il.
Plus largement, l’IA pourra répondre aux objections des clients potentiels, fournir un script qui doit être meilleur que l’humain, parce qu’il n’y aura aucune faille. Elle n’aura pas, non plus, à prendre de pauses, elle n’aura pas de sentiments, donc qu’on lui réponde non ne lui fera rien, contrairement à un être humain. Et si la personne à l’autre bout du fil se rend compte qu’elle parle à une IA, ne va-t-elle pas tout simplement raccrocher ? « Nous ne lancerons pas le produit s’il est décelable, répond Maxandre Poirier. Nous voulons qu’il n’y ait aucune faille. Nous ne voulons pas qu’il ressemble à un robot. Nous voulons vraiment qu’il ressemble à un être humain, que les gens aient l’impression qu’ils parlent à un humain, un humain qui peut insister et prendre un rendez-vous. »
Aujourd’hui, l’IA permet de reproduire des voix et l’équipe de Prosperia utilise plusieurs plateformes et de nombreux outils pour y arriver. Des tests ont déjà été accomplis, en anglais cependant, parce que davantage de voix sont disponibles et le temps de réponse s’avère plus court. « Ce qu’on a testé est vraiment impressionnant, reconnaît le directeur financier. En anglais, le temps de réponse est rapide, le ton est naturel, mais en français, les voix de synthèse sont encore en développement, souligne Maxandre Poirier. Malgré cela, Prosperia continue d’expérimenter et reste confiant. Nous savons qu’à terme, les voix françaises rattraperont leur retard, et notre IA pourra offrir la même qualité d’interaction dans les deux langues. En même temps, j’imagine que ça va bouger vite et nous, les êtres humains, nous allons apprendre à déceler les robots de plus en plus. » Mais au-delà de l’aspect technique, Maxandre Poirier envisage un avenir où l’automatisation des appels sera non seulement acceptée, mais intégrée dans les pratiques courantes. Il estime que les utilisateurs vont peu à peu s’habituer à recevoir des appels d’IA.
« Nous sommes en plein boom technologique, et cette automatisation des tâches de prospection va progressivement s’imposer comme un standard. Recevoir un appel d’une IA ne surprendra plus, et cela deviendra même banal. » À long terme, l’équipe de Prosperia pense que l’automatisation sera omniprésente, acceptée et intégrée dans le quotidien des entreprises, tant l’efficacité de cette technologie est prometteuse.
Prosperia se trouve à l’étape du prédémarrage et s’est donné comme objectif de lancer son produit d’ici janvier 2025 en phase bêta. Comme les fondateurs sont eux-mêmes des conseillers, ils vont réaliser de nombreux tests avant de lancer leur produit. À ce jour, le plus gros écueil demeure la latence, mais Maxandre Poirier a bon espoir que le problème sera réglé d’ici janvier 2025 pour commencer la distribution.
Maxandre Poirier et son collègue Alexandre Ferguson, lui aussi conseiller en sécurité financière, ont remporté, lors de l’événement L’As du financement du Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins Shawinigan (CEADS), le prix destiné aux entreprises en incubation. Prosperia bénéficie ainsi d’une bonification de 500 $ du programme Coup de pouce, qui permet aux entreprises en incubation au CEADS et au DigiHub d’obtenir un soutien financier pour différentes initiatives.
Entrevue : Marie-Hélène Brousseau