Fabio Gennaretti expérimente la forêt connectée

Fabio Gennaretti est professeur en sciences forestières à l’UQAT depuis janvier 2020. Membre de l’Institut de Recherche sur les Forêts (IRF), du Groupe de recherche en écologie de la MRC Abitibi (GREMA) et du Centre d’Étude de la Forêt (CEF), il étudie les répercussions des changements climatiques sur le fonctionnement des écosystèmes forestiers.

Une forêt connectée est caractérisée par le prélèvement de données par des capteurs ou des drones. Elles sont ensuite acheminées à un réseau de partage qui peut être rediffusé directement aux gestionnaires des forêts. La gestion de ces milieux a beaucoup changé dernièrement. La foresterie intelligente voit la forêt comme système intégré. Cela va de la croissance de l’arbre à la productivité économique d’une forêt. Pour avoir un portrait complet, les écosystèmes doivent être analysés de manière homogène.

La première étape de la foresterie intelligente est d’analyser, de monitorer et de suivre la croissance de la forêt selon plusieurs échelles. L’UQAT a collaboré à un projet qui met en place des sites expérimentaux partout au Canada. Un réseau fournissant de l’information sur les forêts s’est donc bâti. Il est important d’avoir les données en temps réel car les événements extrêmes causés par les changements climatiques peuvent avoir de graves conséquences.

Une importante sécheresse a touché l’Europe à l’été 2003. Des sites expérimentaux avaient été érigés pour observer les effets de la sécheresse sur la forêt. Selon les données recueillies, la productivité des forêts et la transpiration des arbres a baissé entre la période estivale de 2002 et 2003.

On parle souvent de la quantité de carbone qui est stockée dans les écosystème terrestres ou aquatiques, mais le flux de carbone qui entre dans ces systèmes et en ressort est également un facteur important à considérer. Les données récoltées dans les forêts intelligentes sont acheminées à des laboratoires grâce à des systèmes de communication. Elles sont analysées, interprétées et partagées rapidement aux utilisateurs, aux gestionnaires et à la population.

Fabio Gennaretti et ses étudiants travaillent sur plusieurs projets en ce moment dans son laboratoire. Une étudiante a mis en place un réseau de sites expérimentaux en Abitibi l’an dernier. Elle et son équipe y ont installé des capteurs qui analysent les fluctuations du diamètre du tronc des arbres. Le but est de connecter plusieurs arbres à une centrale d’acquisition afin d’en ressortir des résultats. Les capteurs sont placés sur des espèces très répandues dans la région, soit des peupliers faux-trembles, des pins gris et des épinettes noires. Pendant la croissance d’un arbre, il y a de nombreuses fluctuations dans son développement. Lorsqu’il fait chaud, un arbre transpire de l’eau. Donc, son diamètre rétrécit. La nuit, lorsque la température est plus froide, l’arbre ne transpire plus et va remplir son réservoir d’eau. Ainsi, son diamètre augmente. Voilà ce qui explique les fluctuations dans la croissance des arbres.

Avec un autre étudiant en sciences forestières de l’UQAT, Fabio Gennaretti s’intéresse au flux d’eau dans les écosystèmes. En hiver, les précipitations tombent et l’eau s’accumule dans le sol. Les chercheurs collectent l’eau de la neige, celle du sol à différentes profondeurs, des tissus végétaux et l’eau de la pluie. Par la suite, ils font des analyses biochimiques sur ces échantillons. Ils veulent comprendre comment les arbres s’adaptent lorsqu’ils sont en manque d’eau. Pour connaître la température des différentes composantes de l’écosystème, ils font voler un drone équipé d’une caméra thermique au-dessus de la forêt.

Au cours de la prochaine année, Fabio Gennaretti et son équipe travailleront sur un projet de forêt connectée en Abitibi-Ouest. Ils veulent y installer plusieurs types de capteurs afin d’analyser l’entièreté de l’écosystème, incluant des capteurs aquatiques pour mesurer le flux d’eau et de carbone. Ces données seront publiées sur une plateforme Web accessible à tous et qui pourra servir aux enseignants du Québec.