On doit nommer les choses : le racisme systémique existe, souligne l’UDA
« L’Union des artistes a été interpellée par plusieurs de ses membres dans la foulée des manifestations qui se sont tenues aux États-Unis et dans le monde entier, y compris au Canada et au Québec. »
« Nous avons toutes et tous été sidérés, dévastés par l’homicide de George Floyd, à Minneapolis, le 25 mai dernier. En fait, nous sommes restés sans mots depuis cet événement, tentant de comprendre ce mal qui gruge la société américaine, soit le racisme systémique, un mal qui touche également la société canadienne et québécoise, de façon différente peut-être, mais avec les mêmes répercussions pour les communautés qui en sont l’objet, qui le vivent au quotidien.
« Alors, oui, devant ces événements de l’actualité qui nous affligent, l’UDA est solidaire de la communauté noire et des mouvements sociaux que l’on voit revendiquer l’égalité aux États-Unis et partout dans le monde.
« Dans notre milieu qu’est celui de la création, qui consiste à aller à la rencontre de l’autre, à nous ouvrir à d’autres univers, à d’autres cultures, à d’autres réalités, on ne peut pas s’imaginer que des personnes noires, des personnes issues des peuples autochtones et de la diversité puissent craindre pour leur sécurité, pour leur vie, qu’ils n’aient pas tous les mêmes chances en matière d’éducation, de santé, de travail, pas les mêmes chances de se réaliser comme créateur, comme interprète, ailleurs et de surcroit chez nous. C’est difficile de le reconnaître et pourtant…
« Nous constatons les iniquités qui existent encore aujourd’hui entre les artistes de différentes communautés ici même, dans notre milieu. S’il est un dossier qui me tient à cœur comme présidente de l’UDA, c’est celui d’une meilleure représentativité des Autochtones et de la diversité dans tous nos secteurs, à l’image de la société québécoise. C’est mon cheval de bataille depuis mon arrivée à la présidence. Et nous travaillons fort pour y parvenir, grâce entre autres aux travaux du comité pour la promotion de la richesse de la mosaïque culturelle et artistique du membership de l’UDA (communément appelé comité mosaïque) créé en 2012. Sous la responsabilité d’Isabel Dos Santos et formé de membres issus de la diversité et de la communauté autochtone, le comité mosaïque a pour mission première de sensibiliser tous les intervenants des chaînes de productions du milieu culturel à la richesse et au savoir-faire unique du membership de l’UDA.
« Avec les actions du comité mosaïque, nous espérons contribuer à changer les choses grâce notamment à la sensibilisation auprès d’intervenants du secteur culturel et des organismes subventionnaires, à la mise sur pied d’activités de formation ciblées et en soulignant les bons coups des créateurs, des producteurs, des organisations ou des compagnies en matière d’inclusion avec la remise depuis 2018 du prix Mosaïque.
« Malgré la bonne volonté des gens sur le plan individuel, malgré leurs actions pour contrer la discrimination et le racisme, les inégalités persistent. Bien sûr, les mots « racisme systémique » font peur. Mais force est de constater que les actions individuelles ne permettent pas de stopper les inégalités, ne permettent pas à notre société d’être égalitaire. Force est de constater que même avec la plus grande volonté du monde, le racisme systémique existe et il doit être nommé.
« Profitons de l’occasion qui nous est donnée de se regarder dans le miroir et d’agir. Ne pas se contenter d’une compassion passive.
« Je nous invite tous et toutes à profiter de ce mouvement social qui est, je crois, un moment charnière dans notre société pour déconstruire le système et pour mieux le rebâtir à l’image de nos valeurs.
« Que l’on parle de racisme systémique ou individuel, de discrimination inconsciente, de biais, c’est ensemble que nous pourrons changer les choses. Mais il faut d’abord les nommer ces choses, les comprendre, les mesurer, et encourager la discussion. Tendons la main et l’oreille, soyons accueillants comme nous savons le faire et souhaitons-nous un avenir harmonieux, enfin. »
- Sophie Prégent, présidente de l’UDA et membre d’office du comité,
et cosignés par les membres du comité mosaïque : Isabel Dos Santos, responsable, Charles Buckell-Robertson, Abdelghafour Elaaziz, Albert Kwan, Ayana O’Shun et Pierre Blanchet, directeur du Service aux membres et des communications de l’UDA.