Catalina Briceño, facilitatrice pour les jurys des prix NUMIX
Cette année, XN Québec a choisi Catalina Briceño à titre de présidente du jury des prix NUMIX, rebaptisés NUMIX/REMIX pour cette édition toute spéciale qui s’étendra sur la semaine du 15 au 18 juin. Bien connue du milieu de la production médiatique, elle rappelle, en entrevue avec Le Lien MULTIMÉDIA, de l’importance des galas, un moment que prennent de nombreux secteurs d’activités pour se réunir et célébrer les bons coups. Cela s’avère d’autant plus important, pour la présidente des jurys, alors que plusieurs expériences en nomination doivent être vécues in situ.
Catalina Briceño applaudit la réaction de XN Québec, de tous les partenaires et les collaborateurs qui ont accepté de mettre tous les efforts pour que l’événement ait lieu, non pas à une date très ultérieure, mais rapidement. « Je trouve ça intéressant et je retiens de cette édition la volonté de mise en commun, très caractéristique du milieu de la créativité numérique, milieu dans lequel le créateur unique n’existe pas ou peu, où une équipe doit réunir des gens qui apportent leurs expertises. » Si c’est vrai en cinéma et dans d’autres domaines, ce l’est d’autant plus en création numérique, estime la professeure invitée de l’École des médias de l’UQAM, mais il reste dans ces secteurs une hiérarchie autour du créateur, du réalisateur. La production médiatique demande une mise en commun des efforts, un travail d’équipe afin de créer un projet qui forme un tout, ce qui est très caractéristique de la culture numérique. Elle aime particulièrement l’idée qu’a eue XN Québec de faire appel à une communauté très représentative pour offrir un gala par et pour l’industrie.
Elle voit son rôle de présidente des jurys comme celui d’accompagnateur — ou d’accompagnatrice dans ce cas — des jurés qui découvrent d’abord les oeuvres chez eux, se familiarisant avec chacun des projets des différentes catégories pour ensuite mettre en commun (une formule que Catalina Briceño trouve tout à fait appropriée pour ce gala) lors des délibérations, un moment extrêmement intéressant parce que c’est là que se confrontent les perceptions des uns et des autres. Le tout, comme il se doit, encadré dans des critères stricts, ne menant pas à un consensus, mais plutôt à un échange. Elle se voit elle-même comme une facilitatrice, une animatrice de ce processus où elle reçoit, accueille et entend les différents points de vue pour les relancer et les faire rebondir. Un exercice qu’elle a trouvé extrêmement enrichissant.
« Quelque chose m’a énormément frappée cette année, quelque chose que je n’avais jamais vue auparavant, c’est la pluralité explorée dans la création numérique qu’on a vue s’incarner dans une incroyable diversité de projets, de porteurs de projets, de thèmes abordés », s’étonne la présidente des jurys. Cette année plus que jamais, des thèmes diversifiés ont été abordés : points de vue de la communauté LGBTQ, luttes féministes, peuples autochtones, immigration, maladie mentale. Elle y voit deux choses : une ambition d’être différent, singulier qui s’exprime bien à travers l’expression numérique et une expérience nouvelle de ce que peuvent être la culture et les cultures québécoises.
« Cette année se révèle être un très bon cru, lance-t-elle. En ce sens de la pluralité des points de vue, des regards singuliers, très intimes, des projets extrêmement porteurs. Le travail a été ardu dans toutes les catégories. Nous avons voulu porter un regard humble. On va se le dire, l’inclusion privilégie l’homme blanc. On est, pour la plupart, dans des industries culturelles très montréalocentristes. » Or, cette édition des NUMIX/REMIX démontre bien à quel point l’industrie numérique québécoise est rendue à une certaine maturité sociale, culturelle, industrielle qui permet, justement, de donner voix à des groupes, des communautés, des points de vue différents. Il devient très important d’accueillir des artisans porteurs de ces projets qui proviennent de ces diversités.
Catalina Briceño se dit optimiste, car, au-delà du fait de parler de diversité, il faut l’incarner dans la façon dont on crée et produit dans l’industrie numérique. Celle-ci se réveille et vit actuellement une transition importante. Jusqu’ici, la créativité québécoise en numérique s’est surtout exprimée par le savoir-faire, l’expertise. « Cela fait longtemps que l’on est reconnu comme étant un secteur où l’on trouve énormément d’expertise sur le plan technique, analyse-t-elle. Depuis longtemps, le Québec se trouve à l’avant-plan de l’exploration en réalité virtuelle, en expérience immersive ou encore en webséries. Dans les balados, il y a une richesse de production exceptionnelle cette année. On a toujours été reconnu pour savoir embrasser le savoir-faire. Ce qui change cette année, c’est qu’on développe une identité culturelle sur le plan des expressions numériques. »
Quand on développe un langage, une grammaire, ce langage sert à exprimer des points de vue pluriels, singuliers. Lorsqu’on s’approprie cette grammaire, on passe au prochain niveau. « On se trouve dans cette transition et c’est ce que je trouve emballant », conclut-elle.