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    Dans « Corps célestes », Dany Boudreault poursuit sa réflexion sur le corps et la sexualité au théâtre Dany Boudreault. Photo: Julie Artacho

    Dans « Corps célestes », Dany Boudreault poursuit sa réflexion sur le corps et la sexualité au théâtre

    22 janvier 2020, 11h10
         |      Article rédigé par Sophie Bernard     

    Le comédien et auteur Dany Boudreault était fébrile lors de notre entrevue. Il y avait de quoi : la générale de « Corps célestes », pièce sur laquelle il travaille depuis 2016, avait lieu quelques heures plus tard au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui ce lundi 20 janvier. Diplômé de l’École nationale de théâtre du Canada en 2008, Dany Boudreault se définit comme un auteur qui joue ou comme un acteur qui écrit, c’est selon.

    « Corps célestes » a été écrit lors d’une résidence à la Maison des auteurs de Limoges, petite ville tranquille du Sud-Ouest de la France, où l’acteur a souvent joué et avec laquelle il entretient des liens. « J’avais besoin de m’isoler, explique-t-il. Je voulais m’extirper de Montréal, la ville où je travaille. J’ai obtenu une bourse du Centre national du livre qui m’a permis d’y vivre pendant deux mois et j’ai écrit la première version de la pièce en 2016. » Des versions, il y en a eu plusieurs, une trentaine. Dany Boudreault, qui a d’abord écrit de la poésie avant de se mettre au théâtre, avoue créer beaucoup et jeter tout autant.

    « J’ai toujours été obsédé par l’idée des corps et de la sexualité au théâtre, explique-t-il. On ne choisit pas ses obsessions ! Je veux voir comment le corps et l’esprit se débattent. » Dans sa pièce, mise en scène par Édith Patenaude, une complice de l’auteur, Lili (Julie Le Breton), une réalisatrice porno tout à fait à l’aise avec le métier qu’elle fait, revient chez sa mère (Louise Laprade), qui vient de subir un anévrisme. C’est sa soeur aînée (Evelyne Rompré) qui l’a convoquée. Dans la maison, elle retrouve le copain de la soeur (Brett Donahue), avec qui elle a déjà eu une aventure, et son neveu adolescent (Gabriel Favreau), fasciné par sa tante et le métier qu’elle fait. « Parfois, même des gens bien ne devraient jamais se rencontrer », avance Dany Boudreault.

    L’auteur voulait explorer le rapport au corps de la mère dont Lili vient s’occuper, un corps désexualisé sans avoir perdu de son érotisme. Il voulait entamer une réflexion sur le manque, sur le capitalisme et sur la sensualité, dans un monde vivant dans la dictature de la consommation et dans l’hypocrisie de la société québécoise face à la sexualité dans l’espace public. « Nous restons très puritains par rapport à nos corps, un vieux relent de religion catholique au Québec », glisse Dany Boudreault.

    Alors qu’il avait déjà tâté de la mise en scène dans « (e) », pièce dans laquelle il jouait également, l’auteur ne tenait pas à s’en occuper pour « Corps célestes ». Édith Patenaude se trouve dans le projet depuis deux ans, l’auteur et la metteure en scène ayant beaucoup travaillé ensemble sur ce projet. Pourtant, Dany Boudreault s’est trouvé présent pendant les répétitions, particulièrement avant l’entrée en salle. « J’ai essayé de ne pas transmettre de directions, dit-il. Je ne voulais pas causer de crise de leadership. Les commentaires doivent être transmis aux bons moments. Je sens qu’Édith a une grande confiance en moi. » Par contre, il a voulu être présent vers la fin du processus, là où le spectacle prend forme, avec les éclairages et le son. Même s’il se sent dépossédé de son texte, impuissant, il essaie de ne pas être contrôlant. « Édith a fait des choix que je n’aurais pas faits, et quand j’ai vu le résultat, je me suis dit : Wow, elle a fait un bon choix », raconte Dany Boudreault.

    Dany Boudreault travaille sur plusieurs projets. Il vient de terminer le tournage de « Gallant : confessions d’un tueur à gage », un scénario de Sylvain Guy porté à l’écran par Luc Picard, une espèce de « Fargo » québécois, précise-t-il. Des rôles importants l’attendent pour 2022 (il n’en dira pas plus). Certaines pièces dans lesquelles il a joué devraient être reprises, dont « Parce que la nuit » qu’il a co-écrit avec Brigitte Haentjens, avec la collaboration de Céline Bonnier. Et puis, l’écriture n’est jamais très loin dans sa vie. « La vie est très bonne pour moi en ce moment, j’ai un très bon karma », conclut-il.

    « Corps célestes » vient d’être publié aux éditions Le Quartanier et est disponible au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. La pièce est présentée jusqu’au 15 février.

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