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    Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier documentent des « pas perdus » à travers 8 portraits «Pas perdus». Photo: Valérie Remise

    Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier documentent des « pas perdus » à travers 8 portraits

    15 mars 2022, 07h25
         |      Article rédigé par Yves Tremblay     

    Jusqu’au 2 avril, le spectacle « Pas perdus / documentaires scéniques » propose au Théâtre d’aujourd’hui un ensemble de portraits de gens particuliers (et non-acteurs), de divers milieux et de différents âges. Sur la bande sonore composée à partir d’entrevues, ils et elles révèlent leur personnalité, une partie de leur histoire et une passion commune (qu’il vaut mieux ne pas révéler ici d’avance). Élaborée par Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier selon un concept singulier, la pièce présente huit personnages réels qui se racontent, en évoquant notamment leur « rapport à la mémoire, à la transmission, au langage ».

    Soutenu par une mise en scène incluant de multiples projections et quelques objets significatifs qui appartiennent réellement aux protagonistes, un montage sonore (parfois musical) relie les entretiens enregistrés aux « personnages » présents sur scène. Il s’agit du troisième spectacle documentaire réalisé par le duo de créateurs montréalais, après « Vrais mondes » et « Pôle Sud ». Dans l’exercice des « Pas perdus / documentaires scéniques », on retrouve la même authenticité, la même spontanéité que dans le cinéma vérité – on y projette d’ailleurs quelques images d’un classique film de Pierre Perrault –, mais sans caméra, et au théâtre. L’intimité partagée par les intervenants crée un fil rassembleur qui se déploie selon différents registres, pendant que s’étalent les blessures, la tendresse, les talents et même une certaine poésie toute naturelle à travers les conversations. En formant une courtepointe culturelle québécoise métissée et profondément humaine, les récits se rejoignent de façon étonnante et participent également à bâtir la courbe narrative du spectacle. Ce montage sonore bien ficelé des premières rencontres invite le spectateur à dépasser ses a priori et « offre un portrait collectif plus vaste », tout en le conviant, avec une grande sensibilité, à découvrir une part de ses racines.

    Les créateurs du documentaire scénique, Anaïs Barbeau-Lavalette et Émile Proulx-Cloutier, approfondissent ici d’intéressantes « possibilités formelles et dramaturgiques ». Ils précisent ainsi comment ils s’adressent à leurs participants judicieusement choisis : « Nous ne leur demandons jamais de jouer, de faire "comme s’ils ressentaient quelque chose". Les directions consistent en une série d’actions, exécutées avec un certain rythme, afin d’assurer un arrimage avec la bande-son et l’éclairage. On retourne peut-être au sens premier du mot "acteur" ; ils posent des actions, ils agissent […] Cette troisième création nous confronte aussi à des questions collectives fondamentales... », peut-on lire dans le dossier de presse.

    Une série de balados, narrée par Anaïs Barbeau-Lavalette, reviendra à partir du 21 mars sur la plateforme de Radio-Canada OHdio sur les rencontres avec les protagonistes du spectacle.

    Photos : Valérie Remise

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