Pierre Pastor ressuscite son club d’e-sport grâce à la plateforme Arcadium
Formé à la base pour devenir juriste en droit des affaires, Pierre Pastor s’est réorienté il y a une dizaine d’années pour travailler dans un domaine qui le passionne, le jeu vidéo compétitif. Une initiative qui l’a mené à fonder en 2014 son propre club d’e-sport, Rocalys, qu’il a malheureusement dû fermer après quelques mois d’activité, faute de modèle économique stable. Cependant, sa rencontre il y a deux ans avec le fondateur d’Arcadium Esport, Alexandre Quaglieri, a incité l’entrepreneur montpelliérain à rejoindre les rangs de cette plateforme d’encadrement des joueurs et à ressusciter son projet, avec succès. Le Lien MULTIMÉDIA a rencontré Pierre Pastor lors de MTL connecte pour discuter avec lui de sa pratique, autant chez son employeur que dans son club.
« Arcadium, précise le chef de projet digital de la plateforme, c’est l’équivalent d’une fédération pour l’e-sport en France, qui vise à rendre l’e-sport accessible à tous, au même titre que le sport traditionnel. C’est-à-dire qu’on va accueillir dans nos clubs membres des joueurs qui n’ont pas pour vocation de devenir professionnels, qui veulent tout simplement progresser dans leur pratique et participer à des compétitions à leur échelle. Contrairement à ce qu’on pourrait s’attendre, beaucoup de nos joueurs sont des gens qui ont déjà un travail et qui veulent poursuivre leur passion pour l’e-sport. »
En plus de chercher à fédérer les joueurs de jeux vidéo compétitifs français, Arcadium et ses clubs membres ont également pour but de démystifier la pratique du e-sport et de briser ses clichés encore véhiculés de nos jours. Celui qui veut que le gamer est un être fondamentalement solitaire déplaît particulièrement à Pierre Pastor, compte tenu du fait que le matériel numérique actuel permet une connexion sans pareille entre utilisateurs.
« Il y a beaucoup d’outils disponibles pour qu’un joueur puisse être connecté avec une dizaine, une vingtaine, une centaine d’autres joueurs. Par contre, ce qui est vrai, c’est que ces outils ne permettent pas toujours de créer un réel lien social durable. C’est ce qui fait tout l’intérêt des clubs : on peut aller chercher ceux qui sont plus renfermés sur eux-mêmes pour les aider à retrouver une vie sociale "traditionnelle", toujours à travers la pratique du jeu vidéo qu’ils apprécient tant. »
C’est justement dans cette optique que le juriste de formation a à l’époque fondé Rocalys à Montpellier, une entreprise qui n’a pas fait long feu à cause d’un manque de commanditaires et de leviers financiers, dont dépendent la plupart des clubs d’e-sport français. Cependant, la découverte du modèle économique employé par Arcadium, fondé sur un système d’adhésion courant dans le milieu du sport traditionnel, a inspiré Pierre Pastor à tenter sa chance à nouveau et à donner une deuxième vie à son projet.
« Les joueurs vont payer une licence annuelle pour pouvoir profiter des services du club. Ça a changé complètement ma conception d’un club e-sport, je me suis rendu compte du potentiel de ce modèle. Alors, en août 2023, j’ai “pitché” Rocalys tel qu’il existe aujourd’hui à Alexandre Quaglieri, en utilisant sa plateforme pour aller chercher des adhérents et stabiliser mon modèle économique. Un an plus tard, on se retrouve avec une structure vraiment solide, avec 256 joueurs adhérents et deux personnes qui travaillent en CDI. Il faut savoir que dans le milieu du e-sport français, les contrats de travail n’existent quasiment pas. On doit être un des cinq grands clubs français à pouvoir proposer ce type de contrat. »
Devant le succès de la résurrection de Rocalys, Pierre Pastor compte à court terme dupliquer le modèle qu’il a adopté sur d’autres clubs, les amenant sous la bannière d’Arcadium pour assurer leur stabilité financière. Plus tard, le chef de projet digital et ses collègues espèrent être en mesure de proposer leurs services en présentiel à temps plein, avec l’ouverture d’espaces physiques un peu partout en Europe francophone. « Ça va rendre la chose encore plus concrète, souligne-t-il. Ça va notamment aider les parents à voir l’e-sport comme une réelle activité pour leurs enfants. On souhaite que d’ici l’année prochaine, on puisse avoir au moins deux ou trois espaces physiques établis en France.
Entrevue menée par Marie-Hélène Brousseau