« Sur paroles. Le son du rap queb » prend l’affiche au Musée de la civilisation
Du 10 novembre 2023 au 2 septembre 2024, le Musée de la civilisation invite le public à entrer dans une nouvelle ère du son avec « Sur paroles. Le son du rap queb ».
Cette exposition, développée en collaboration avec l’artiste hip-hop et conférencier Webster, et à laquelle de nombreux représentants et représentantes de la communauté hip-hop d’hier et aujourd’hui ont collaboré, retrace l’histoire de ce mouvement culturel majeur, met en lumière ses artisan·es et démontre comment leurs luttes et leurs propos ont influencé notre société au fil du temps.
Longtemps considéré comme une culture marginale, le hip-hop est un univers dense, fruit d’une diversité culturelle indéniable qui fait résonner des préoccupations sociales importantes. Son émergence dans la société québécoise témoigne du chemin parcouru, et de celui qu’il reste à faire, pour connaître, reconnaître et faire entendre toutes ses voix dans leur riche pluralité.
Si aujourd’hui il est possible d’affirmer que le hip-hop façonne des changements dans la culture en général, c’est qu’il s’est sérieusement imbriqué dans nos sociétés, faisant son apparition au Québec au début des années 1980. Pour souligner ses 40 ans, retracer son histoire et celle des artistes qui portent cette culture et ses revendications depuis ses débuts, « Sur paroles. Le son du rap queb » en expose les multiples dimensions et permet de prendre la juste mesure de la place de ce mouvement dans la culture québécoise.
Plongé en pleine réalité sonore augmentée, grâce à un parcours auditif spatialisé supporté par une technologie de pointe novatrice développée par le Musée, le public y découvre un corpus éclectique composé de près de 200 objets récoltés auprès de 60 prêteurs, des témoignages vivants, des textes riches et profonds, et surtout toute la poésie, l’engagement et la pertinence de ces artistes aux multiples talents. De ses origines dans le Bronx, à New York, à son émergence au Québec, « Sur paroles. Le son du rap queb » sonde non seulement les fondements du hip-hop québécois, mais aussi l’importance des communautés afro-descendantes et leur influence sur ce mouvement, les débuts de la diffusion et de la scène hip-hop, les codes et les bases de cette culture et ses multiples expressions.
Le Musée de la civilisation célèbrera, le 24 novembre prochain, l’ouverture de cette exposition en présence de nombreux artistes, acteurs de la communauté et partenaires de création lors d’une soirée festive en musique avec DJ Nerve, DJ Sin Less, Érika Zarya, Manu Militari, Raccoon, Sans Pression et Taktika, à laquelle le grand public a été invité gratuitement et qui affiche déjà complet.
« Il y a dans le hip-hop une dimension sociale, et en même temps, une poésie unique, qui nous remue, indique Stéphan La Roche, président-directeur général, Musée de la civilisation. Nous avons eu envie d’explorer cet univers et d’en comprendre mieux les origines, de faire connaître les artistes qui en font partie, et ce qu’ils et elles ont à dire. Le Musée célèbre cette année ses 35 ans et est plus que jamais de son temps : engagé, inclusif, innovant et audacieux. Notre programmation actuelle en témoigne, et nous poursuivons dans cette trajectoire. Sur paroles. Le son du rap queb est une invitation à dépasser les perceptions pour plonger dans une culture unique, vibrante et, ultimement, nous ouvrir à l’Autre. »
« C’est une grande fierté et un honneur pour moi de collaborer avec le Musée de la civilisation, ajoute Webster. Dès le départ, je voulais faire de cette exposition un outil pédagogique afin que la population en général puisse mieux comprendre cette culture qui nous a tant apporté et, par le fait même, la manière dont les voix racisées au Québec ont pu être amplifiées grâce au hip-hop. J’espère aussi que les adeptes de la première heure, les real hip-hop heads, puissent se retrouver dans ce projet et se dire “oui, nous voilà. »
Faits saillants
- Aly Ndiaye, alias Webster, est né et a grandi dans le quartier Limoilou à Québec. Membre fondateur du collectif Limoilou Starz, il est un vétéran et l’un des pionniers du mouvement hip-hop québécois et est reconnu pour la qualité de ses textes ainsi que l’intelligence de ses propos. Militant, il s’implique beaucoup socialement et donne régulièrement des conférences sur une multitude de sujets, dont l’histoire de la présence afro-descendante et l’esclavage au Québec et au Canada depuis l’époque de la Nouvelle-France.
- La réalisation de cette exposition s’inscrit dans le cadre d’un projet de collaboration imaginé par Webster visant à célébrer les 40 ans du hip-hop au Québec et faire connaître ce mouvement dans sa réalité québécoise par un diptyque qui inclut l’Orchestre symphonique de Québec, dont les spectacles ont été présentés les 6 et 7 octobre derniers.
- Le Musée de la civilisation et trois entreprises de Québec - ART&D, Polaki interactif et Cocktails Solutions – ont développé un casque d’expérience sonore augmentée exclusif, fourni à chaque visiteur.euse en début de parcours.
- SAGA Stratégie Sonore, en collaboration avec le Musée de la civilisation, a conçu cet environnement auditif inédit et innovant, qui emmènent les visiteur. euses à se replacer dans l’espace au fur et à mesure qu’ils et elles découvrent différents artefacts sonores (archives, témoignages, etc.), des pièces musicales des artistes hip-hop, une trame musicale originale et des paysages sonores, loin de l’expérience classique avec audioguide. SAGA a fait appel à de nombreux.ses artistes pour la création de musique originale, dont DJ Nerve, DJ Horg, Kenzhelo, Nazbrok, Shash’u et Soraï. On y entend également Webster et Jenny Salgado (J-Kyll), du groupe Muzion, narrer des segments phares.
- L’exposition Sur Paroles. Le son du rap queb a été appuyée par le Secrétariat à la Capitale-Nationale grâce à son soutien à l’Incubateur d’innovations muséales, principalement en lien avec le développement des dispositifs sonores.
- De nombreux collaborateur. trices issu.es du milieu et de la scène hip-hop ont participé à l’élaboration des contenus, dont un comité consultatif composé de Vladimir Delva (Kapois Lamort), Aly Ndiaye (Webster), Philippe Néméh-Nombré et Jenny Salgado (J-Kyll).
- Le Musée a fait appel à Vincent Tourigny, un ancien graffeur de la scène de Montréal, en tant que collaborateur au design graphique de l’exposition.
- En mode immersif, les visiteur. euses pourront notamment vivre l’expérience d’un block party avec DJ Nerve aux platines et ParkaOne et Spectrax à l’animation, ou encore assister à un battle de beat-box dans les règles de l’art entre Spectrax et Andre Gibson.
- Parmi les éléments du corpus, on retrouve des vêtements et accessoires de scène, du matériel d’enregistrement, des archives photographiques, des manuscrits, des vidéos, de l’art visuel, en plus du parcours sonore. En voici quelques exemples :
- Micro portatif de Anodajay, fondateur des Disques 7e Ciel, un des rappeurs précurseurs du mouvement ;
- Test pressing de l’album The Dark Side of the Groove de Zero Tolerance, une des premières productions associées au hip-hop à Montréal ;
- Trophée Félix remis à Sans Pression par le groupe Loco Locass, moment marquant de l’histoire de la scène hip-hop québécoise ;
- Oeuvre O.A. Rusted Steel du graffeur Stare, un des graffeurs leaders du mouvement à Montréal au début des années 2000 ;
- Tuque en forme de fleur de lys, création de Hans Moreau que Loco Locass a rendue célèbre ;
- Teiwekan (Tambour à main) de Samian, utilisé au début de sa carrière et qui affichait fièrement son appartenance aux Premières Nations ;
- Trophée Média de l’année du gala Unistar, remporté par les ArShitechs du Son, émission de radio de Québec précurseur du mouvement ;
- Installation de djing de DJ Horg (platines, mixeur et clavier Ensoniq), un des artistes fondateurs du mouvement.