La Bande Vidéo poursuit sa programmation 2023-2024 avec Upiór et Invité·es (Upiór and Guests), un projet installatif de Kinga Michalska qui aborde d’un angle critique les notions de pouvoir dans la recherche ethnographique et documentaire. L’exposition, inaugurée le 27 octobre 2023, se poursuivra jusqu’au 26 novembre 2023 dans la galerie du 620, Côte d’Abraham.
Dans les années 60, un jeune linguiste et sociologue américain, Jan Perkowski, est persuadé de l’existence d’une femme vampire vivante dans la petite communauté polono-kachoube de Wilno, au centre de l’Ontario rural. Cinquante ans plus tard, Kinga Michalska se donne pour mission de la retrouver.
Upiór et Invité·es traite des cycles d’oppression, du processus de création d’une nouvelle identité et des questions éthiques liées à la représentation par le biais d’un périple en trois actes mêlant documentaire et fiction spéculative.
Sous forme expérimentale et ludique, le métrage central - titré « Vampires, It’s Nothing To Laugh At » -, présente l’enquête menée par Kinga sur cette soi-disant femme vampire en soulignant les incohérences issues du discours du renommé professeur Perkowski et, de ce fait, les dommages occasionnés à la communauté locale. S’ensuit une audition fictive pour le rôle de la femme vampire, qui tire forte influence des entretiens menés par le sociologue dans sa recherche, où sept femmes immigrantes polonaises nourrissent de leurs expériences, de leurs connaissances et de leur imaginaire un folklore factice dont elles seraient l’héroïne. Puis, en annexe aux deux métrages précités, une courte vidéo examine la situation politique contemporaine en Pologne en se concentrant sur la crise humanitaire à la frontière polono-biélorusse, métaphorisée en chasse aux fantômes.
Upiór et Invité·es navigue ainsi les paysages brumeux et le folklore slave de Wilno, où Kinga est confronté·e aux cycles de violence et d’oppression dans lesquels iel-même, d’origine polonaise, se retrouve impliqué·e. De fil en aiguille, ces vampires ardemment poursuivis s’affranchissent de leur costume pour révéler une réflexion cruciale sur les questions de perte d’identité, des politiques de domination et de l’implication des sociologues, anthropologues, journalistes et cinéastes dans la construction de récits culturels fétichisants.
Kinga Michalska est un·e artiste et cinéaste polonais·e queer basé·e à Tiohtiá:ke, Mooniyang, Montréal. Son travail examine les enjeux de mémoire, d’identité, de déplacement et de hantise. Iel est intéressé·e à la périphérie de qui et quoi fait l’histoire : les historiens amateurs, les processus géologiques, les rumeurs de petite ville, les rencontres étrangères et la fiction spéculative. Iel détient un baccalauréat en études culturelles de l’Université de Varsovie et une maîtrise en photographie de l’Université Concordia. Son travail a été présenté dans de multiples expositions et festivals de cinéma au Canada, en Pologne, au Royaume-Uni, en Corée, en Suisse, en Italie et en Allemagne.
Source : La Bande Vidéo