Depuis le début de la pandémie, plusieurs études et sondages mettent de l’avant les nombreux effets négatifs de cette dernière sur la santé psychologique des jeunes. Une nouvelle étude de l’Université de Sherbrooke montre des effets très variés sur la santé mentale des élèves du 1er cycle du secondaire au Québec.
Selon une nouvelle étude réalisée par une équipe de chercheuses et de chercheurs affiliés au Centre RBC d’expertise universitaire en santé mentale de l’Université de Sherbrooke auprès d’environ 2 000 élèves de 1er et 2e secondaire provenant de 11 écoles, la crise sanitaire a bel et bien eu des effets négatifs, mais il apparait que dans l’ensemble, la pandémie a eu des impacts variables sur les élèves du premier cycle du secondaire. Certains d’entre eux rapportent un effet négatif de la pandémie sur leur vie, d’autres ne rapportent pas d’impact et certains parlent même d’un impact positif.
Les données ont été recueillies en deux temps de mesure dans le cadre du Programme HORS-PISTE qui vise la prévention de l’anxiété qui est déployé dans plusieurs écoles secondaires. La première collecte de données a eu lieu avant la pandémie de la COVID-19, entre les mois d’octobre et de décembre 2019, auprès de 1610 élèves de 1er et 2e secondaires. La deuxième partie de la collecte de données a eu lieu durant la pandémie de la COVID-19, entre les mois d’octobre et de décembre 2020, auprès de 1380 élèves de 1er et 2e secondaire de 12 écoles. Le protocole d’évaluation des élèves comporte plusieurs instruments de mesure standardisés et une question a été ajoutée pour mesurer les effets du confinement lié à la COVID-19 pour la collecte réalisée à l’automne 2020.
Principaux résultats obtenus
- 14,4 % des participants de l’automne 2020 rapportent que le confinement lié à la COVID-19 a été bénéfique pour leur bien-être et leur santé mentale, contre 23,5 % qui rapportent que le confinement lié à la COVID-19 a nui à leur bien-être et leur santé mentale. Les autres participants (62,1 %) rapportent que le confinement lié à la COVID-19 n’a pas eu d’impact sur leur bien-être et leur santé mentale.
- Les élèves de 2e secondaire sont plus nombreux à rapporter que le confinement lié à la COVID-19 a nui à leur bien-être et à leur santé mentale par rapport aux élèves de 1re secondaire (29,4 % vs 19,7 %).
- Les filles sont plus nombreuses à rapporter que le confinement a nui à leur bien-être et leur santé mentale, en comparaison avec les garçons (28,3 % vs 17,6 %).
- En comparant les données obtenues avant et durant la pandémie, il n’y a pas de différence significative pour les scores mesurant 1) les symptômes du trouble panique, de la phobie sociale, du trouble obsessionnel-compulsif et du trouble de stress post-traumatique, 2) la peur jugement des autres, 3) l’intolérance à l’incertitude, 4) l’attitude négative face aux problèmes et 5) l’évitement cognitif.
- Durant la pandémie, les élèves rapportent des scores plus élevés pour les symptômes d’anxiété généralisée, l’anxiété liée aux tests, le perfectionnisme et l’impact de l’anxiété dans leurs vies scolaires et familiales
Pistes d’explications
- La différence entre les élèves de 1er et 2e secondaire pourrait être expliquée par le fait que les élèves plus vieux semblent plus affectés par les impacts du confinement lié à la COVID-19.
- La différence entre les filles et les garçons pourrait être influencée par le fait que Les filles ont habituellement une plus grande habileté à reconnaître les symptômes d’anxiété que les garçons.
- La différence observée entre les données de 2019 et de 2020 sur le plan des symptômes d’anxiété généralisée pourrait s’expliquer par les changements de cap fréquents sur les règles socio-sanitaires imposées, qui amplifient les stresseurs auxquels les adolescents sont exposés. Ces stresseurs ont pu contribuer à briser l’équilibre parfois déjà fragile de certains adolescents.