
La Wallonie numérique tisse des liens étroits avec le Québec
L’écosystème numérique wallon se porte très bien et encore mieux depuis les élections de juin dernier, avec l’arrivée d’un nouveau gouvernement qui, dans sa déclaration, comprenait tout un chapitre consacré au numérique, entre autres à ce qu’on appelle la Stratégie digitale wallonne. Alors qu’une délégation wallonne s’apprête à venir à MTL connecte, Le Lien MULTIMÉDIA a discuté avec Guy-François Vanpaesschen, Digital Economy Business Developer, et Anne Defourny, Conseillère économique et commerciale, Agence wallonne à l’Exportation et aux Investissements Étrangers (AWEX).
« C’est la première fois qu’il y a vraiment toute une page qui parle du soutien du gouvernement pour la stratégie “digitale” wallonne, et évidemment l’AWEX, l’agence pour laquelle nous travaillons, est un peu le bras armé pour l’internationalisation des entreprises du numérique », précise Guy-François Vanpaesschen. Dans ce cadre-là, l’AWEX organise une quinzaine d’actions chaque année partout dans le monde pour mettre la Wallonie sur la carte mondiale du numérique, d’où la présence d’une délégation à MTL connecte, mais aussi au CES à Las Vegas ou encore au Mobile World Congress à Barcelone. « Nous essayons vraiment d’être présents un peu partout pour soutenir notre écosystème », ajoute-t-il.
Cet écosystème est particulièrement actif dans les secteurs de l’intelligence artificielle et des industries créatives et culturelles, qui sont vraiment en train de se structurer en Wallonie depuis le début 2024 grâce à la création de wake !, qui reçoit depuis un budget destiné à structurer les industries créatives et culturelles. Il faut dire que la région s’avère très créative, sans doute grâce à son passé dans la bande dessinée.
« On voit pas mal de créativité numérique chez nous, mais nous essayons de structurer tout ça, puisque ça va du design jusqu’au gaming en passant par la XR. Il y a pas mal de choses qui sont incluses dedans, explique Guy-François Vanpaesschen. Ce sera un volet que nous aborderons à MTL connecte d’ailleurs, comme on le fait en participant à la GDC à San Francisco et à la Gamescom à Cologne. »
Le secteur de la cybersécurité est également bien développé, la région voulant réellement se positionner dans ce domaine ainsi qu’à l’international ; la Wallonie s’est aussi dotée de l’organisme Digital Wallonia, la stratégie pour le secteur numérique et la marque internationale de la région.
« Nous sommes présents à MTL connecte depuis 2019. Nous avons été le pays à l’honneur l’année dernière, rappelle Anne Defourny. Et cette année, on y revient parce que c’est vraiment un événement incontournable. D’ailleurs, trois des entreprises qui y viennent cette année sont déjà venues l’année dernière. C’est vraiment le bon endroit pour nous pour à la fois trouver des partenaires, des clients, et en même temps, aussi s’inspirer et voir à quel niveau nous sommes par rapport évidemment au Québec, qui est quand même une référence mondiale en termes de numérique et d’intelligence artificielle. Cette année, nous adoptons une approche plus commerciale, c’est-à-dire que nous serons présents à MTL connecte, mais nous avons aussi organisé des rencontres B2B plus spécialisées. »
La cohorte de cette année sera particulièrement orientée vers IA, mais aussi le jeu vidéo et la cybersécurité. La région wallonne sera en outre au MIGS et à Incyber Forum.
En fait, il s’est établi un lien de longue date entre la Wallonie et le Québec, un accord de coopération existant depuis plus de 45 ans, faisant du Québec la province avec qui la région francophone de Belgique travaille le plus. Et même lors d’autres événements internationaux, les deux régions s’organisent pour se voir.
« Nous essayons vraiment d’organiser ces rencontres entre Wallonie et Québec, quel que soit l’endroit dans le monde où on se trouve parce que nous restons persuadés que le Québec demeure quand même un territoire privilégié pour nos entrepreneurs parce qu’il y a une proximité culturelle. Il y a le français, mais pas que, ajoute Guy-François Vanpaesschen. Oui, il y a la langue, mais je pense qu’il y a vraiment une proximité entre les Wallons et les Québécois, et l’idée en fait c’est d’organiser une fois par an une mission dans le numérique sur une thématique. Cette année c’est l’IA, l’année prochaine on verra bien ce qu’on fait. » Montréal accueillera une trentaine d’entreprises et d’organismes cette année. Parmi les personnes invitées, on compte notamment Nathanaël Ackerman, le directeur général de la coalition AI4Belgium.
Grâce à un passage d’un chercheur wallon au MILA, la Wallonie s’est dotée du consortium TRAIL, regroupant cinq universités francophones qui se sont mises ensemble pour aider les entreprises à développer des solutions IA ou pour intégrer des solutions IA dans leur développement. « Je sais que dans ce cadre-là, il y a eu pas mal d’échanges entre TRAIL et le chercheur wallon, souligne Guy-François Vanpaesschen. Du côté du jeu vidéo, Jean Gréban, coordonnateur de WALGA, l’association wallonne du jeu vidéo, s’est beaucoup inspiré de ce qui se fait au Québec. Parmi les entreprises qui se trouveront à Montréal, on note TIMi, une entreprise spécialisée en apprentissage machine, IA, mégadonnées et intelligence d’affaires. » Aussi, parmi les collaborations entre Wallons et Québécois, Guy-François Vanpaesschen souligne le Corridor d’accélération, un programme visant à stimuler le développement de liens économiques entre le territoire de la MRC de Memphrémagog et la ville de Tournai.
Anne Defourny souligne de plus que des acteurs académiques actifs dans la recherche et l’innovation seront également présents à MTL connecte. « Du fait que notre écosystème collabore dès la recherche et dès la commercialisation, pour nous, c’est un aspect important, dit-elle. Cela nous donne également une force au Québec de pouvoir aussi nous rapprocher d’eux et de pouvoir dialoguer. Le Canada est maintenant intégré dans le projet d’innovation Horizon Europe, un fonds qui finance différents projets de divers domaines et, notamment, dans le numérique. Je pense que c’est un atout que le Canada se soit intégré dans ce projet, parce que la mission pourra en outre essayer de trouver des partenaires à moyen terme pour créer des consortiums Canada, Wallonie et bien sûr d’autres pays européens. »