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    Martine Roy : La Fierté, c’est beaucoup plus qu’un défilé Martine Roy. Photo: Courtoisie

    Martine Roy : La Fierté, c’est beaucoup plus qu’un défilé

    6 août 2024, 00h03
         |     

    Après son renvoi des Forces armées canadiennes à l’âge de 19 ans, Martine Roy, survivante de la Purge et responsable du recours collectif mené par les survivants et survivantes de la Purge, a consacré son existence à défendre la communauté 2ELGBTQI+ du Canada. En 2023, elle a été nommée membre de l’Ordre du Canada pour son plaidoyer en faveur de la diversité, de l’inclusion et de l’équité. Depuis elle continue jour après jour ce combat. 

    Elle partage une expérience personnelle vibrante, remplie de résilience et défend la place et les droits des communautés 2ELGBTQ+ partout au pays grâce à un leadership implacable tourné vers l’avenir.  Une authentique militante et défenseure de la diversité, de l’inclusion et de l’équité au sein des communautés. 

    La présidente du fonds de la Purge LGBT rappelle l’existence de cette purge systémique qui a bel et bien existé et dont plus de 9 000 personnes ont été victimes au Canada entre 1950 et le milieu des années 90 au sein des Forces armées canadiennes et du gouvernement canadien : «  Entre les années 1950 et le milieu des années 1990, les membres LGBT des Forces armées canadiennes, de la GRC et de la fonction publique fédérale ont systématiquement fait l’objet de discrimination et de harcèlement ; nombre d’entre eux ont été renvoyés, conformément à la politique du moment et à une pratique sanctionnée. Dans ce que l’on viendrait à appeler la « purge LGBT », des personnes ont été surveillées, soumises à des interrogatoires, maltraitées et traumatisées.

    La purge LGBT a été orchestrée aux plus hauts échelons du gouvernement du Canada et menée avec un mépris absolu de la dignité, de la vie privée et de l’humanité de ses victimes. Enracinée dans la guerre froide, la purge s’est poursuivie au gouvernement fédéral pendant plus d’une quarantaine d’années.

    Quelque 9 000 vies ont été brisées pendant cette période, entraînant un traumatisme psychologique toujours profondément ressenti aujourd’hui. La carrière et l’estime de soi de toute une génération de jeunes adultes ont été anéanties. Les victimes ont été privées d’avantages sociaux, d’indemnités de départ et de pensions, et celles qui ont réussi à demeurer en poste se sont vu refuser toute possibilité d’avancement. Suicides, séropositivité, peur, dépression, troubles de stress post-traumatique, toxicomanie, désaveux, criminalisation, rejet, isolement, oblitération – ce chapitre odieux de l’histoire canadienne s’est aussi soldé par de nombreuses expériences douloureuses qui perdurent.  »

    L’importance de la Fierté et de sa semaine d’activités au Québec 

    «  J’avais 32 ans quand j’ai participé pour la première fois à un défilé de la Fierté. C’était en 1995 et j’habitais à Montréal. À cette époque, l’épidémie de sida nous arrachait des hommes magnifiques en quantité et mettait un terme à beaucoup trop de vies. Chaque mois, je perdais quelqu’un qui m’était cher. Parmi eux, mon meilleur ami René, qui est décédé en 1995. Alors que je pleurais encore la mort de René, j’ai décidé de participer au défilé de la Fierté. Dans les nouvelles, on parlait sans cesse du sida. Tout le monde vivait dans la peur, la confusion et la douleur, comme avec la pandémie de coronavirus. Ces dernières années, les gens ont eu de la difficulté à comprendre la COVID-19 ; c’était la même chose à l’époque. Les fausses nouvelles au sujet du sida étaient monnaie courante et plusieurs avaient peur de l’attraper.

    Cette année-là, mes amis et moi avons décidé de participer au défilé de Montréal pour transmettre un message de résilience et d’espoir. Nous avons loué un corbillard et deux de mes amies, déguisées en anges avec des ailes, étaient assises sur le capot. Un DJ faisait jouer de la musique à plein volume à l’arrière et nous avions installé sur le toit des haut-parleurs sur lesquels nous avions peint les mots « CE N’EST PAS FINI ». Quand nous passions devant eux, les gens ne savaient pas s’ils devaient applaudir ou pleurer, mais ils lisaient le message, l’absorbaient et des sourires apparaissaient sur plusieurs visages.

    Ce défilé restera à jamais un des moments les plus mémorables de ma vie. Ce premier événement m’a montré que la Fierté c’est beaucoup plus qu’un défilé. Elle nous permet de souligner un moment de l’histoire, de célébrer tout le chemin que nous avons parcouru en tant que communauté, tout en reconnaissant et en comprenant collectivement que la lutte pour l’égalité est loin d’être gagnée.

    La Fierté est un peu différente chaque année, puisqu’elle s’inscrit dans un moment précis de l’histoire. Cette année, comme de grandes pressions en provenance des groupes de droite ressurgissent un peu partout dans le monde, il est encore plus important de reconnaître que la Fierté n’est pas seulement une fête, mais aussi un moment pour réfléchir, se montrer solidaire et se recentrer.

    L’homosexualité, un crime au Canada

    J’ai grandi à une époque où l’homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale et un crime au Canada. Ma mère n’était pas du tout à l’aise avec mon orientation sexuelle. Le mot « homophobie » n’existait pas encore. 

    À 19 ans, je me suis enrôlée dans les Forces armées canadiennes, parce que je voulais servir mon pays, et ce, même si la société ne reconnaissait pas tous les aspects de ma personne. Ma carrière militaire est rapidement devenue enrichissante et j’étais fière du travail que je faisais. Jusqu’à que je devienne victime de la Purge qui existait bel et bien dans Les Forces armées canadiennes. Une expérience qui m’a profondément traumatisée jusqu’à que je dépose en 2016, au côtés de Todd Ross et Alida Satalic avec d’autres personnes ayant survécu à la purge LGBT, un recours collectif à l’échelle nationale contre le gouvernement du Canada. 

    Une entente historique au Canada

    Une entente historique est intervenue en juin 2018 : on y prévoyait des indemnités totalisant 145 millions $. De ce montant, jusqu’à 110 millions $ ont été réservés pour le paiement de dommages-intérêts aux victimes de la purge LGBT.

    L’entente affectait également de 15 à 25 millions $ à des « mesures de réconciliation et de commémoration. Une portion qui est désormais administrée depuis le Fonds Purge LGBT.  » Le Fonds Purge LGBT est juridiquement tenu d’employer cette enveloppe pour des projets de réconciliation et de commémoration.

    Le tribunal lui a confié le mandat de voir à quatre grands projets :

    • Créer un monument national à la mémoire des personnes LGBTQ2+ qui ont souffert de discrimination au Canada, y compris dans le cadre de la purge LGBT ;
    • Appuyer l’organisation d’une exposition muséale par le Musée canadien des droits de la personne à Winnipeg ;
    • Se pencher sur la collecte, la préservation et l’accessibilité des documents historiques relatifs à la purge LGBT ;
    • Travailler avec le gouvernement du Canada pour mieux inclure les personnes LGBTQ2+ dans la fonction publique fédérale et améliorer la formation en ce sens.

    Vendredi 9 août : journée communautaire ouverte au public au coeur du Village

    Les Journées communautaires, présentées par Air Canada, auront lieu sur la rue Sainte-Catherine Est, en plein cœur du Village, les vendredi 9 et samedi 10 août 2024. Elles seront ouvertes au public de 11 h à 18 h. Une occasion pour venir y découvrir des organismes et des groupes communautaires, des commerces, des entreprises, de clubs sportifs et socioculturels impliqués auprès des communautés 2SLGBTQIA+. 

    Ce sera l’occasion de faire de nouvelles rencontres, de renforcer des liens et surtout de sensibiliser et de permettre une plus grande mobilisation pour faire avancer les causes des différentes communautés 2SLGBTQIA+. 

    Martine Roy ainsi que ses collègues du Fonds Purge LGBT seront présents le vendredi, en matinée, à la tente du Fonds Purge LGBT.  Certains membres de l’équipe y seront aussi en après-midi.

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