Participer à l’œuvre d’un autre pour se former comme artiste
Depuis septembre dernier, huit étudiants en maîtrise : recherche-création en média expérimental participent à l’œuvre de leur professeur Simon-Pierre Gourd. Dans le contexte d’un stage, ils ont dû unir leurs efforts pour participer directement à l’élaboration d’Opera_lité. « Le but de Simon-Pierre était de faire émerger les talents de chacun à travers le travail que nous effectuions sur l’œuvre, explique Denis Pilote, un étudiant qui s’est concentré sur la scénarisation et la direction de la production de l’œuvre. En émergeant, on a pu avoir une influence sur la direction que l’œuvre prenait. »
Les étudiants avouent qu’il s’agit d’une méthode d’enseignement peu banale pour de futurs artistes, plus habitués à travailler seuls qu’en grosse équipe. « Ce qui était bien, c’est que ça nous a forcés à poser les bases de notre coopération, dit Patrice Coulombe, responsable de l’électronique et de la programmation. Comme on vient à peu près tous de milieux différents, on a dû adapter notre vocabulaire entre nous pour se comprendre. »
L’aide apportée par les étudiants a surtout touché la conception de la technologie, tant électronique que logicielle, et des accessoires. « Les équipes se sont formées un peu d’elles-mêmes, dit Patrice Coulombe. Il fallait aider Simon-Pierre [Gourd] à réunir tous nos talents, à rassembler nos idées pour réussir à construire un ensemble. » Jérôme Dumais, responsable du développement de l’appareil scénique et de la composition sonore, ajoute : « Il fallait aussi apprendre à se gérer entre nous. Simon-Pierre [Gourd] n’intervenait jamais auprès des équipes, c’était à nous de coopérer pour que le projet avance. »
Les obstacles ont été nombreux le long de cette courte route qui menait à la première présentation d’extraits d’Opera_lité. « Le pire, ç’a été le temps, dit Isabelle Caron qui prenait en charge les accessoires scéniques et la présentation visuelle de l’opéra. Depuis septembre, on a lancé toutes nos idées. On a dû rester sages, ne pas s’éparpiller partout. Il fallait vraiment avoir en tête ce qui était essentiel. » L’équipe fait de nouveau surface lorsque l’on aborde les difficultés qui étaient présentes. « Il fallait apprivoiser les limites de chacun », dit Alexandre Savard, qui s’occupait de programmation.
La méthode utilisée par le professeur n’était pas de nature à restreindre leur créativité. « Simon-Pierre [Gourd] ne voulait pas que l’on passe sur la même chose deux fois, dit Jérôme Dumais. Il fallait être constamment en mouvement. » Une instabilité qui a duré jusqu’aux derniers moments avant la soirée du spectacle. On pouvait déjà lire un certain soulagement sur les visages à la fin de la première représentation. « Même si on sait qu’il y aura encore des changements demain », ironisait Isabelle Caron.