Éric Bertrand.
Photo: Matthieu Dessureault
La Chambre Blanche lance un Hackerspace
Visiter le deuxième étage de La Chambre Blanche, c’est pénétrer dans une véritable caverne d’Ali Baba d’objets électroniques de toutes sortes. Depuis quelques semaines s’y tient un laboratoire communautaire visant à partager ses connaissances : le Hackerspace. En entrevue avec le Lien MULTIMÉDIA, le cofondateur Éric Bertrand dit vouloir attirer des geeks de tous horizons.
La main sur son joystick, Éric Bertrand tente d’abattre un maximum de robots belliqueux, sous l’œil amusé de ses amis. Un vieux téléviseur, un ordinateur et des haut-parleurs modifiés et le voici en train de jouer à Robotron, un classique des jeux d’arcade. Avec un autre maniaque des jeux vidéo, il a conçu cet émulateur au look magnifiquement suranné. « On a voulu recréer une borne d’arcade rétro, explique-t-il. Le but est de se rapprocher le plus possible du look original de la machine et d’avoir le même feeling en jouant. Et éventuellement de faire un high score ! »
Concept populaire en Europe, un Hackerspace, ou Hacklab, réunit des passionnés de la culture des licences libres. Ensemble, ils partagent leurs connaissances et détournent des objets de leur fonction première. Les domaines visés ne touchent pas uniquement l’informatique. « On s’est donné une mission assez large pour attirer une palette de gens aux intérêts diversifiés. À date, chaque personne du groupe est assez complémentaire. Il y a autant du monde de l’électronique que de la programmation ou du design graphique. »
La troupe n’est formée que depuis deux mois, mais déjà, plusieurs prototypes sont en cours de création. Une machine, créée à partir de tuyauterie de piscine, fait office de distributeur automatique de nourriture pour chats. On peut programmer l’appareil et partir en vacances, la tête libre, sans demander à maman de venir nourrir le petit animal. Un cerf-volant qui illumine dans le noir, une tête de robot qui réagit à la présence humaine ou une machine permettant de randomiser la création d’affiches : les projets ne manquent pas.
« Il y a une idée de passe-temps derrière ça, reconnaît Éric Bertrand. On peut socialiser, alors qu’auparavant nous étions chacun de notre côté. On a vu une opportunité de s’ouvrir vers l’extérieur et d’emmener du monde à La Chambre Blanche. »
Fondé en 1978, La Chambre Blanche est le premier centre de diffusion géré par un collectif d’artistes à Québec. Voué à la diffusion et à l’expérimentation des arts visuels, il offre des formations, des conférences, des expositions, des programmes d’échanges d’artistes, ainsi qu’un centre de documentation.
Selon Éric Bertrand, la cohabitation entre geeks et artistes peut s’avérer extrêmement bénéfique. « Plusieurs personnes ont une expertise qu’ils veulent partager, mais ne savent pas comment. En collaborant avec des artistes, cela peut donner des choses intéressantes. Même s’ils ne voient pas le sens final de l’œuvre, ils peuvent tout de même participer au processus. »
Le Hackerspace tiendra bientôt son premier happening. Pour plus d’informations : www.chambreblanche.qc.ca
