«Ornithologie, la nuit».
Photo: Philippe B
Avec ce quatrième album solo, Philippe Bergeron propose une suite très libre à son opus précédent, Variations fantômes, où chaque titre était construit en référence à une musique classique.
Cette fois-ci, Philippe B fait deux seuls clins d’oeil : un à Mussorgsky (« Une Nuit sur le mont Chauve ») et un autre au Sacre du printemps de Stravinsky (« L’Année du serpent »). L’ancien guitariste de Pierre Lapointe propose ici un voyage chronologique, le parcours des saisons, selon 14 titres qui vont de l’automne à l’été, en passant par Pâques (« Alice »), avec un esprit ouvertement plus enjoué (il prend même la pose photo apparemment dans une position d’oiseau !), un tantinet plus joyeux voire humoristique.
L’auteur-compositeur et interprète, également arrangeur et réalisateur de l’album, place souvent sur cette « Ornithologie, la nuit » le piano bien au centre de ses chansons d’ailleurs, parfois le seul instrument qui accompagne sa voix. Il en résulte une intimité indéniable, une sensibilité à fleur de peau, révélant (à nouveau) son grand talent pour composer des classiques instantanés, de véritables petits bijoux de chanson française, comme « Calorifère » ou « La Maison sauvage » par exemples. Du premier abord, plusieurs titres, comme ces deux derniers, s’avèrent très accrocheurs. Ils peuvent même rappeler le jazz ou un certain réalisme social d’un Sylvain Lelièvre notamment. En outre son timbre de voix pourrait peut-être faire penser à Jean-Pierre Ferland, et on constate que cette créature nocturne partage un cynisme un peu plus convivial que celui qu’on lui connaissait.
Avec « Nous irons jusqu’au soleil », Philippe B semble même respirer le bonheur de vivre, avec un ton joyeux et optimiste, bien que subsiste également le doute en filigrane, sur un air qui aurait pu être écrit dans les années 70.
Philippe B / « Ornithologie, la nuit » / Bonsound
