La famille de l’artiste québécois Louis-Pierre Bougie confirme avec tristesse le décès du graveur survenu le dimanche 10 janvier dernier des suites de complications liées à une longue maladie.
Louis-Pierre Bougie est né en 1946 à Trois-Rivièves. Fort d’une carrière s’échelonnant sur presque 60 années, d’abord étudiant libre à l’École des Beaux-arts de Montréal, Bougie fait son apprentissage en taille-douce et en eau-forte à Paris dans les ateliers de Lacourière et Frélaut.
Louis-Pierre Bougie est membre fondateur de l’Atelier Circulaire à Montréal. Encore aujourd’hui, l’atelier contribue au développement de la gravure au Québec en y accueillant des artistes du monde entier. Cet atelier de création en arts imprimés autogéré a été conçu dans l’esprit des ateliers français afin de favoriser la mise en commun d’outils, d’expériences et d’inspirations. Réel pionnier de l’estampe contemporaine au Québec, Louis-Pierre Bougie est également reconnu pour une technique originale du monotype qui met à contribution les procédés de la gravure pour intégrer des dessins réalisés à partir de modèles vivants.
Graveur de grande renommée depuis ses débuts, sa création consacre une belle part de son œuvre en un dialogue avec la poésie. Il a notamment a collaboré avec plusieurs auteurs et poètes durant son parcours : Michel Butor, Paul Chamberland, Jérôme Élie, Michaël La Chance, Geneviève Letarte, François-Xavier Marange, Paule Marier, Gaston Miron et Michel van Schendel. Au fil de toutes ses années de création, il a abordé les thèmes de la solitude, de la tendresse et de la violence. On a reconnu d’emblée le trait typique de l’artiste, qui fait la part belle à l’encre, au rehaut et à la pierre noire, lesquels marquent, à divers degrés, la démarche de Bougie dans son ensemble. Son œuvre intime, mystérieuse et envoûtante, lègue une signature unique et porteuse d’une vibrante humanité à la hauteur de la sienne qu’il a su partager tout au long de sa vie.