[PODCAST] Isabelle Courteau : Faire vivre la poésie en temps de crise
Fondatrice du Festival de la poésie de Montréal en 1999, la poète Isabelle Courteau y tient la barre, par militance et par passion, depuis 21 ans. La directrice générale et artistique de l’événement nous a présenté les astuces imaginées pour que l’édition 2020, qui devait avoir lieu un peu plus tard ce printemps, existe en partie en ligne. Elle nous parle notamment du très beau projet de balado, développé en collaboration avec Magnéto, #poétisezchezvous.
Avec son unique marché de la poésie, le festival, qui fêtait ses 20 ans l’an dernier, réunit vraiment tout le milieu, non seulement du Québec, mais du Canada français, de la France et de la Belgique. « Avec des thèmes, des pays à l’honneur, des colloques, des hommages à un poète du milieu, explique la fondatrice, on crée toutes sortes de rencontres – professionnelles et grand public – et on essaie de créer un moment qui est vraiment rassembleur dans l’année. »
Dans la foulée des suspensions de toute activité culturelle à Montréal pour les prochains mois, l’équipe du Festival de la poésie de Montréal a dû relever plusieurs défis en plus de faire le deuil d’une grande partie de ce qui était prévu cette année, en commençant par l’annulation du volet international qui rassemblait les femmes poètes d’Amérique latine. Une tournée avec des poètes suisses, qui était prévue un peu plus tôt au printemps, a pu être reportée au mois de mars 2021, ce qui donne le temps d’espérer une reprise de la circulation internationale d’ici là.
Pour le reste, beaucoup d’inconnus demeurent, mais des initiatives en ligne rassemblent d’une certaine manière la communauté. « On a un appel à projets de vidéos poèmes, avec remise de prix, qui seront diffusés du 1er au 7 juin, pendant le festival. On a aussi un concours pour jeunes, Premiers pas poétiques, qui se fera en lecture collective [en ligne] avec une sélection de jeunes poètes. Ce sont les deux choses dont on est certain. » Un montage photo, accompagné de la lecture des poètes d’Amérique latine qui devaient être présentes – parmi elles les Mexicaines Coral Bracho et Silvia Eugenia Castillero - sera aussi préparé et diffusé en ligne, question de donner un reflet de ce qu’aurait pu être l’édition 2020.
Côté balado, avec #poétisezchezvous, le festival propose une compilation des différentes lectures qui ont été enregistrée depuis 2017 et mises en son par l’équipe de Magnéto. On retrouve entre autres des poèmes lus lors de Poésie Go Paris en 2018, qui mettait le Québec à l’honneur et regroupait dix poètes français et dix poètes québécois. La série, qui permet au public de découvrir des textes souvent méconnus, est diffusé sur les comptes Facebook, Twitter et Instagram du festival.
Pour Isabelle Courteau, l’incertitude actuelle touche aussi beaucoup le milieu littéraire et il faudra redoubler d’astuces pour l’économie du livre très fragilisée. « On en parle moins dans les médias, mais le domaine du livre est vraiment affecté [par la crise] en termes de production et de ventes. Avec les librairies fermées, il y a une influence sur les ventes, (…) on se demande si les petits libraires pourront passer au travers. Et à la foire du livre de Francfort qui se déroule en octobre, le Canada est à l’honneur. C’est un temps super important, on est inquiet quant à la capacité des éditeurs de participer à cette foire si importante et qui demande en même temps beaucoup d’investissement de la part des participants. »