L’événement « Elle a un nom », le Canada rend hommage aux femmes autochtones assassinées ou disparues
Débuté en avril 2018, l’événement « Elle a un nom : la broderie comme outil de mobilisation sociale et collective » a connu son apothéose. Lors d’une cérémonie populaire, l’oeuvre composée de 170 pièces brodées a été transmise à la Commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées. Un événement agrémenté par la présence de La Boîte Rouge VIF, un organisme autochtone qui a mis à la disposition du public un assortiment d’outils de sensibilisation et de transmission culturelle.
Tout commence en 2015, lorsque la boîte Les productions Ondinnok crée l’exposition « Oubliées ou disparues : Akonessen, Zitya, Tina Marie et les autres ». Ce rassemblement d’oeuvres rend hommage aux femmes autochtones et replace leur création dans la continuité de l’histoire de l’art. L’intimité de l’exposition et la portée de cette sensibilisation ont intéressé La Boîte Rouge Vif qui a décidé de rendre le projet encore plus interactif. Pour ce faire, ils ont mis à disposition un atelier de broderie présent à l’Espace culturel Ashukan dans le Vieux-Montréal depuis le milieu de l’année.
Chacun peut alors s’essayer à l’exercice et créer une pièce en l’honneur d’une femme autochtone disparue ou oubliée. Par la pratique, les visiteurs découvrent une thématique peu connue du grand public, sur le fond et sur la forme. Les méthodes de tissage et de broderie sont typiques, un art traditionnel des autochtones du Canada pratiqué essentiellement par les femmes. Viviane Michel, présidente de l’organisme Femme Autochtones du Québec félicite l’ampleur du projet : « Cette exposition représente une belle initiative pour honorer la mémoire des femmes autochtones disparues et assassinées, et se rappeler l’urgence d’agir maintenant pour que cessent les violences envers les femmes. »
Pour clore l’événement, plusieurs dignitaires de la cause autochtone et des pouvoirs publics se sont déplacés le 22 mars 2019. La ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie d’Amours, y a donné sa propre broderie à Viviane Michel pour rappeler l’importance de ce combat. Au total, plus de 170 broderies composent l’oeuvre, qui restera au Québec.
Lors d’une ultime allocution, Claudia Néron, directrice générale de La Boîte Rouge Vif s’est exprimée ainsi : « Nous remercions grandement l’ensemble des gens qui a contribué à rendre hommage à une femme ou une fille autochtone disparue ou assassinée, d’avoir pris ce temps de réflexion et d’investissement émotif en réalisant cette pièce brodée du nom d’une femme. »
Un rapport d’enquête final sur les femmes autochtones disparues et assassinées est disponible sur leur site.
Photos : Juliette Rolland