EN DIRECT DE SXSW : « Songs of Granite », la chanson irlandaise sean nós sous le regard de Pat Collins
Réalisateur du documentaire « Songs of Granite », présenté en première mondiale à SXSW en 2017, Pat Collins est arrivé tard au cinéma, signant son premier film à l’âge de 30 ans. Venant d’une famille de fermiers, il s’est ensuite lancé dans la réalisation de documentaires, de courtes oeuvres expérimentales et de longs métrages de fiction. « Je vis aujourd’hui près de là où j’ai grandi, dans le comté de West Cork, en Irlande, confie-t-il en entrevue. Je ne fais pas beaucoup d’agriculture ces temps-ci. J’en rêve, mais je ne le fais pas. »
« Songs of Granite » nous entraîne dans l’univers de Joe Heaney, « l’artiste le plus important ayant émergé de la communauté gaélique au 20e siècle », selon le chanteur et spécialiste Lillis O’Laoire. « Il était un chanteur phénoménal, probablement sans égal, ajoute Pat Collins. Et aussi un grand conteur. Mais, il était un artiste. Certains disent qu’il a élevé le chant sean nós, le vieux style, en forme d’art. » Le réalisateur a commencé à travailler sur son film en 2011, avec les coscénaristes Sharon Whooley and Eoghan Mac Giolla Bhríde. Il a entendu un enregistrement de Joe Heaney à la radio vers 1991 et il a acheté une cassette d’un de ses albums et l’idée est née ainsi. Aimant l’artiste depuis, il a toujours voulu faire un film sur une chanson et sur le chant, Joe Heaney devenant une façon de le faire.
À SXSW, la coproduction canado-irlandaise « Songs of Granite » est présentée dans la section 24 Beats Per Second (Narrative Feature). Le film est produit par Marcie Films et Amérique Film. Le producteur canadien Martin Paul-Hus ainsi que la chanteuse Jaren Cerf accompagnent le film à Austin. Trois projections sont programmées : le 12 mars à 11h45, le 14 mars à 16h45 et le 18 mars à 12h15.
Déjà dans son documentaire « Silence », sorti en 2012, Pat Collins explorait le chant et les sons. Affirmant que la musique s’avère la forme d’art la plus importante pour lui (s’il a touché un peu à la musique lui-même, il n’est jamais allé jusqu’à se produire sur scène), le cinéma vient tout près en deuxième place. « J’aime le cinéma, lance-t-il. Le son est venu bien après et a seulement émergé comme un intérêt à travers mes films. Le son demeure très important pour moi, écouter est ma façon de prêter attention au monde. » La chanson a fait partie de sa jeunesse et de son éducation, il faut dire qu’elle se trouve ancrée dans la vie irlandaise en général. La musique fait partie de la vie, elle y est intrinsèque, estime le réalisateur.
Il faut dire que l’Irlande se retrouve au coeur de la filmographie de Pat Collins. Ce qui ne veut pas dire que toute son oeuvre y sera consacrée. Il lui reste un bon 20 ans de création et croit que son matériau pourrait changer avec le temps. Pour l’instant, ce pays le préoccupe, voire le fascine, même s’il peut être perplexe et exaspérant par moments. Son prochain projet se veut plus universel. « Je suis en préproducition d’un film sur le folkloriste américain Henry Glassie, dit-il. Nous cherchons encore à trouver le budget et nous espérons tourner en Irlande, au Brésil et en Caroline du Nord plus tard cette année. Le sujet, plus universel, veut aborder l’art et son importance. Je travaille aussi sur un scénario, avec Mark O’Halloran, qui se passe à Cork City et je dévelope un long métrage avec Sharon Whooley sur le poète et dramaturge irlandais M Synge et plus particulièrement sur l’époque où il vivait dans les îles d’Aran, à la fin des années 1890. »