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    [OPINION]

    FMC : le volet expérimental est-il encore pertinent ?

    25 mars 2011, 09h55
         |      Article rédigé par Jean Paul Thomin     

    Fin octobre dernier, le FMC organise une réunion pour recevoir les commentaires du milieu suite aux décisions de la première fournée du volet Expérimental. L’un de ses dirigeants avoue, de manière surprenante, que le précédent Fonds des Nouveaux Médias a été aboli, notamment, parce qu’il finançait trop de jeux. C’est pourtant exactement ce que le volet Expérimental vient de faire : financer... beaucoup de jeux. Quelques mois plus tard, avec la deuxième vague d’annonces de financement, même résultat. Des jeux. Avec en mémoire ce commentaire d’octobre dernier, il faut alors appeler cette première année d’opération du volet Expérimental un échec. Ou l’art de tourner en rond. Pourquoi avoir aboli le Fonds des Nouveaux Medias si c’était pour faire la même chose ?

    D’ailleurs à quoi sert exactement le volet Expérimental ? Parce que le Fonds est assis sur deux chaises à la fois.

    D’abord, il n’y a qu’un seul pays au monde où le Web est officiellement interactif. C’est le Canada. Partout ailleurs le Web comme les médias sociaux sont relationnels. Il existe des centaines de séries Web, en France comme aux États-Unis. Aucune n’est interactive. Si le FMC a décidé de réinventer le Web envers et contre tout, il me semble qu’il devrait confier le mandat à des organismes scientifiques plus compétents pour accomplir la tâche.
    Si d’autre part le FMC tient mordicus à se lancer dans des projets à l’ergonomie post-contemporaine qu’on peut encadrer dans des galeries d’art abstrait, le boulot sera mieux fait par le Conseil des Arts.

    Vrai, de très rares projets de fiction ont pu sortir du volet Expérimental. Ils sont très ingénieux et fort bien exécutés. Mais ces concepts ont été vus 3 ou 4 fois entre 1995 et 1998 alors que des dizaines de projets de fictions interactives ont été mis enligne. Il y a d’ailleurs un chanteur, Peter Gabriel, qui s’amusait beaucoup avec l’interaction en tous genres de tous les types de contenus à l’époque, autant sur cédérom que sur le Web. Si le FMC veut absolument réinventer la roue, peut-il au moins prêter attention à ce qui s’est fait avant ? Il y a des universités aux États-Unis durant ces années qui ont étudié la narration interactive. Il doit en rester quelque chose quelque part. Les mêmes universités ont également démontré par A + B + C qu’une fiction interactive réussie ça s’appelle un jeu. La narration et l’interaction c’est comme l’eau et la machine à coudre. Pas rap. La nuance ne concerne pas que la fiction. Hors des jeux, tout le contenu qui se développe sur le Web ou le 2.0 demeure basé sur le relationnel. À quelle élite éthérée et irréelle le FMC s’adresse t’il ? Qu’est-ce que le FMC tente de faire ? Pourquoi ignore t’il délibérément la réalité toute simple ?

    Le FMC aurait pu profiter de l’expertise acquise par les producteurs locaux qui connaissent les réalités du marché du contenu. Mais de manière curieuse, il a là aussi choisi de s’en passer et de faire appel à des ressources bien loin des réalités concrètes de la production de contenu. Je connais très mal les producteurs canadiens. Mais au Québec, Robert Boulos est-il inconnu au FMC ? Nicolas Vachon ? François Veillette, etc. ? À défaut de consulter des producteurs, éventuellement partie prenante du processus de sélection, est-ce que des experts des médias Web comme Claude Malaison, Josée Plamondon ou Martin Lessard, parmi d’autres, auraient pu être approchés ? Ou des poids lourds de l’industrie comme Patrick Lauzon ou Dominique Sébastien-Forest ?

    Est-ce que le volet Expérimental n’aurait pas dû contribuer à définir de nouveaux modèles d’affaires, des contenus transmédias, des voies d’exportation neuves pour les contenus canadiens ? Si on trouvait que des produits locaux comme Chez Jules ou Didier Ze Mime manquaient de oumf webesque ou 2.0, n’aurait-on pu leur prodiguer des conseils, orienter les démarches des producteurs ayant déjà risqué beaucoup pour amener sur le Web des produits locaux intéressants au lieu de faire table rase de tout ?

    Que vient de dire M. Roquet, qui préside le CA du FMC, dans sa toute récente missive consécutive au budget fédéral ?

    « Cet engagement est très significatif, a déclaré Louis Roquet, président du conseil d’administration du FMC, puisqu’il permettra au FMC d’exercer son rôle de premier plan dans le déploiement de la Stratégie sur l’économie numérique, en continuant d’accorder son soutien financier à la création et à la promotion de contenus pour l’ensemble des Canadiens sur les plateformes de leur choix. »

    Où se trouve l’économie dans les choix du volet Expérimental ? Où se trouve la création ...de contenus pour l’ensemble des Canadiens ?

    Certes, le volet Expérimental crée des emplois. Mais n’en déplaise aux membres du RPM, c’est au prix de l’économie numérique au complet. Les gens de technologie ont l’habitude de ramener les enjeux chacun à sa petite bulle particulière. Tentons d’élargir un peu les horizons. Comme le savent la plupart des producteurs, et n’importe quel diffuseur un peu attentif, les sites de la France et des États-Unis dévorent le marché publicitaire du Québec comme du Canada depuis quelques mois. Demandez aux gens de télé s’ils aimeraient que les chaînes de France ou des USA leurs chipent leurs publics et leurs annonceurs. Demandez à un spécialiste en culture et à un expert en économie ce que seraient les conséquences à grande échelle d’un pareil événement.

    De manière concrète, le Québec devient un sous-marché de la France et des Etats-Unis sur le Web. Au point où de plus en plus de producteurs d’ici tentent d’orienter leur production vers le marché français. Même pattern au Canada, où on échange la France pour l’oncle Sam uniquement. Pas de financement, pas de public, zéro chance de monétiser enligne chez eux. Alors NOS producteurs de contenus passent à un autre pays. Pour survivre, ils doivent tenter de produire pour le marché de la France ou celui des les États-Unis. Ou alors espérer qu’un site d’un de ces deux pays finance des contenus locaux ; québécois ou canadiens.

    Voilà la situation absurde où nous amène le volet Expérimental du FMC.

    Ça fait d’ailleurs des années que nous (le nous galérien inclut ici Québec et Canada) faisons massivement nos achats enligne au sud virtuel de la frontière.

    Combien ça coûte en emplois de ne pas avoir d’économie en ligne ? D’être virtuellement un État américain ou un Département de la France ?

    C’est en-dehors de mon champ d’expertise mais je me demande également quelles sont à terme les chances de survie d’un pays dont la population est si bien intégrée à l’économie Internet du voisin ?

    Soyons clairs. Le FMC n’est en rien responsable de la situation globale. Le fédéral au contraire a presque toujours montré de l’intérêt, et de manière constante, à la problématique du contenu enligne. Tout occupé à transformer la société en musée vivant des Glorieux Acquis des années 60, le gouvernement du Québec semble à peine s’habituer au fax et les contenus numériques ne sont pas encore à l’étage de sa conscience active. De leur côté les diffuseurs, pour qui la préservation du marché publicitaire aurait dû être LA priorité, ont conservé comme ligne de conduite d’attendre que l’État prenne les risques de la production de contenu à leur place. Pas de modèle d’affaires disaient les diffuseurs. À force de ne rien faire, ils finissent pas avoir raison.

    Malheureusement pour les gens de technologie, ils ne connaissent pas les problématiques touristiques. Un expert dans le domaine pourrait leur expliquer que lorsqu’une population donnée, depuis quinze ans, a développé l’habitude d’aller à certains endroits pour se distraire, il devient très difficile de modifier la tendance. Pour le faire il faut beaucoup de temps, beaucoup d’énergie, et beaucoup d’argent. Trois choses que ni le Québec ni le Canada ne possèdent en abondance.


    Jean-Paul Thomin

    Jean-Paul Thomin suit l’évolution des contenus sur le web depuis 1993. Il a lui-même participé de près à la création des premiers contenus de fiction Web francophones au cours des années 90 et a produit le premier film long métrage réalisé pour le Web, Ombres et Tango, au tournant des années 2000. Depuis une douzaine d’années, il analyse l’économie des contenus sur Internet et oeuvre dans la mise en marché sur les plateformes numériques.

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