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    [Opinion]

    Le temps des mutations

    16 mars 2011, 00h10
         |      Article rédigé par Jean Paul Thomin

    Winston Churchill avait le sens de la formule et il disait : When you walk through shit, keep walking. Camarades producteurs, il va falloir marcher longtemps. Avec une presque totale absence de fonds pour financer des contenus en ligne, avec une assiette publicitaire dévorée par les sites américains et français, et nos publics qui émigrent virtuellement chaque jour, la seule chose certaine est que le temps des grands changements est venu. C’est vrai pour le Web, c’est également vrai pour la télé. Les deux ont partie liée. Car lorsque nos internautes regardent Dexter ou Mad Men sur le Web, le mobile ou Neflix, qu’arrive-t’il des contenus locaux ? Et que font les annonceurs québécois ?

    Depuis l’an dernier, les mutations du paysage médiatique québécois s’accélèrent. Coïncidence ou alors est-ce un rattrapage ? Est-ce que vingt ans à laisser aux autres pays le soin de créer des contenus Web pour nos publics fait effet ? Oui les québécois regardent encore beaucoup de télévision mais ils regardent quoi ? Les internautes sont aussi téléphiles. Mais sur le Web, la barrière de la langue existe beaucoup moins. Et les frontières télévisuelles ; entre le Québec et les États-Unis ou entre la France et le Québec ; sont décoratives enligne.

    De nos publics dépend la santé de la télévision et d’un tas d’autres domaines. Où la culture est jointe par l’économie. Parce que télé et publicité, ça fait des dollars en P’tit Jésus d’IPad. Sans compter que pour les questions de société, et d’identité nationale, il parait que ça joue un très grand rôle. Si la situation actuelle n’est que la pointe de l’iceberg, alors le sort des producteurs Web devance de 3 ou 4 ans celui des producteurs télé. Et bien des webistes songent actuellement à produire des contenus accessibles au marché français, afin de s’insérer dans un territoire publicitaire viable. Tout un pari de faire compétition aux Français sur leur terrain. Évidemment, peut-être que les diffuseurs de France présents sur le marché ici peuvent décider d’encourager la production locale. Disons que si nos médias vivaient parfois hors de leurs bulles, ils en feraient des gloses, et tueraient pour ça beaucoup d’arbres. Ce serait triste.

    Heureusement, les changements amènent également des opportunités, des situations imprévues. Et des mutations par nature, créent le mauvais comme le bon. Elles engendrent avec le temps une autre normalité. Et peut-être que les producteurs québécois sont appelés à devenir des hybrides, des intermédiaires créateurs entre une culture et une autre, des négociants de contenu entre pays virtuels, des carthaginois du transmedia, experts en monétisation. Des mutants, capables d’absorber les références culturelles et d’en faire quelque chose d’autre sur le mobile comme à la télé. Chose certaine, nous serons différents. Et peut-être meilleurs. C’est en tous cas la grâce que je nous souhaite. On verra, demain. Mais demain est déjà là.

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