Drux Flux de Theodore Ushev / Marc Bertrand - ONF
Drux Flux de Theodore Ushev est inspiré du livre l’Homme unidimensionnel d’Herbert Marcus. Ça se sent. Dès les premières images de ce film expérimental, on est projeté dans un univers de rouages, d’industries et de métal. Les rythmes industriels, presque militaires, sont durs et en imposent au spectateur qui se promène à une vitesse folle au milieu de toutes ces images qui rappellent que ce n’est peut-être pas l’homme qui dirige la machine, mais bien le contraire.

Le réalisateur parle d’un film archéologique puisqu’il est fait à partir de photos d’archives, d’images de vieux films et de ses propres clichés. Monté avec After Effect et Photoshop, ce sont bien des photos qui sont animées même si on a parfois l’impression d’être devant un film (à part quelques courtes séquences où il s’agit effectivement d’images de cinéma).
On remarque tout de suite le tempo de la production. On se déplace rapidement d’un lieu à l’autre, d’une industrie à l‘autre, mais on ne change jamais de registre. On est dans la machine, mais une machine qu’on ne peut nommer, qui est une abstraction. C’est d’ailleurs ce qu’est ce film : des images, des impressions. On peut y lire, de temps à autre, un message rapide, mais rien qui ne nous conduise à une conclusion sans appel.
Une des forces du film réside dans sa trame sonore. Composée en 1927 par Alexander Mossolov, la musique donne le ton au film. L’animation suit le rythme à merveille et la justesse de l’équation entre les images et la musique fait son effet. Les photos sont superbes, les superpositions parlent beaucoup malgré leur rapidité.
Drux Flux demeure un film expérimental d’où l’on ressort avec une impression plus qu’une compréhension claire du propos. Le réalisateur réussit cependant à imposer son idée, une réussite dans le genre.