
Avec Futur Antérieur, Romain Astouric veut fédérer les événements en arts numériques à travers la Francophonie
Fondateur du média français Futur Antérieur, qui se concentre sur les arts numériques francophones, Romain Astouric a été ingénieur spécialisé en électrotechnique et électronique ainsi qu’en systèmes de production, mais sa vraie passion demeurait les arts numériques. Dans les années 2009-2010, il découvre, notamment en France, la scénographie de musique électronique avec des installations comme celle de 1024 Architecture, les concerts d’Étienne de Crécy ou encore ceux des Daft Punk. Il décide donc de retourner aux études pour compléter un master de recherche en arts numériques. Le Lien MULTIMÉDIA l’a rencontré lors de son passage à MTL connecte.
« Avec Futur Antérieur, c’est marrant, parce que le projet a commencé un peu à Montréal, confie-t-il. J’étais venu à Montréal en 2022 pour MUTEK et je me suis rendu compte qu’il se passait beaucoup de choses en arts numériques dans la Francophonie. En France, il y avait beaucoup de festivals, beaucoup d’appels à projets. Mais, le Québec et Montréal sont devenus un peu la place mondiale des arts numériques. Je trouvais qu’il se passait trop d’événements en France, au Québec, mais aussi en Belgique, en Suisse, au Luxembourg et en Afrique francophone, trop de choses, trop d’événements, trop de festivals, mais qu’il n’y avait aucun endroit, sur le Web en tout cas, où l’on pouvait facilement accéder à ces actualités, aux appels à projets ou encore aux festivals. »
En revenant de MUTEK, Romain Astouric s’est dit qu’il adorait écrire et transmettre, ce qu’il fait en tant qu’enseignant et qu’il devait donc créer un lieu où rassembler toutes ces informations. Ainsi est né Futur Antérieur. Il a commencé par une infolettre mensuelle qui relatait les actualités, les festivals, les appels à projets, les dernières actualités artistiques et technologiques. Au cours des deux dernières années, il en a également produit un balado constitué d’entrevues d’artistes, puis il a créé un centre de ressources pour réunir toutes ces informations sur les festivals d’arts numériques en France, au Québec et ailleurs, tous les espaces, tous les studios d’arts numériques qui font de l’art génératif, de l’art immersif, etc.
Fait intéressant, Romain Astouric utilise l’IA générative dans son quotidien pour l’aider à la rédaction et à la compilation d’informations. Il l’enseigne même un peu, même si ce n’est pas la partie qu’il préfère. « Cette partie IA générative qui est très à la mode en ce moment, qui est très puissante, je l’enseigne et je l’utilise pour travailler, mais ce n’est pas forcément la technologie que j’utilise pour créer, explique celui qui est aussi artiste. Pour créer artistiquement, mon outil favori, mon outil fétiche s’avère Processing, qui est vraiment un outil de programmation à la base qui avait été créé assez intelligemment au MIT pour que des designers et des non-codeurs, des architectes, des artistes, des enseignants puissent générer du visuel, générer des interactions à partir du code et vraiment faciliter le code pour que ce soit accessible à tout le monde. Et j’adore cet outil parce que c’est un compromis parfait. Il faut dire qu’il existe des codes très puissants, qui permettent de générer des choses folles, mais qui sont difficilement accessibles, qui nécessitent des années d’études. »
À ses yeux, Processing demeure un compromis parfait entre quelque chose de très accessible et un outil très puissant. Il se forme également à d’autres outils, notamment TouchDesigner, un outil développé par l’entreprise de Toronto Derivative, très puissant, qui permet de créer des choses impressionnantes très rapidement.
« Quant à l’IA générative, c’est un peu la fameuse destruction créatrice de Schumpeter, analyse Romain Astouric. On dit qu’elle va détruire plein de choses, plein d’emplois, qu’elle va changer les choses dans le monde artistique. C’est notamment pour ça que je ne l’utilise pas particulièrement pour ma création artistique. Nous allons découvrir ça, je pense, les prochains mois, les prochaines années, ce qui va vraiment cristalliser. On va peut-être perdre des métiers, on va peut-être perdre des usages et de la création chez des graphistes. Et puis, il y a ceux et celles qui vont aller plus loin avec cet outil, des artistes qui vont pousser le propos beaucoup plus loin. Je pense notamment à un artiste que j’ai rencontré récemment, Ismaël Geoffroy-Chamboutis, qui est cinéaste et qui utilise présentement l’IA. Il vient de réaliser un film avec de l’IA, mais il va aller beaucoup plus loin. Il va utiliser l’outil pour envoyer plein de données à une IA qu’il a lui-même mise en place à partir d’un modèle existant, mais qu’il a nourri de données pour pouvoir ensuite aller les récupérer, peut-être créer, lui ou d’autres, des scénarios interactifs, par exemple. »